FootballCommentaire: Pourquoi Cameron Puertas doit rester au LS
Désireux de changer d’air dès cet hiver, le milieu de terrain de la Tuilière, qui a toujours répété son attachement au club de sa ville, aurait tout à gagner à différer son départ. Explication des enjeux.
- par
- Nicolas Jacquier
A bientôt deux semaines de la reprise du championnat, on ne sait toujours pas - et c’est ennuyeux - si Lausanne pourra oui ou non compter sur Cameron Puertas pour mener la difficile bataille pour le maintien qui attend les Vaudois.
Attiré par les sirènes de l’étranger et la perspective d’y toucher un meilleur salaire, le joueur a fait part de son ardent désir de quitter la Tuilière dès le présent mercato, ce qui serait après tout son droit si l’on en croit son contrat, notamment une clause libératoire que des clubs se sont déjà dits prêts à activer en versant un montant compensatoire de 1,2 million de francs. Ce faisant, Puertas quitterait ce qui, au fil des saisons, est devenu «sa» maison, lui qui s’est toujours prétendu fortement attaché à Lausanne, sa ville, et à son club sous le maillot duquel le milieu de terrain s’est révélé.
Affirmons-le ici suffisamment fort pour que cela soit compris sans équivoque: parce qu’il est un élément différent, possédant ce supplément de folie que l’on n’acquiert pas dans les centres de formation et qui le fait sortir du lot, on a toujours aimé le No 10 de la Tuilière. Sans doute Cameron lui même est-il conscient de sa valeur et du joyau qu’il est en train de devenir.
Le précédent Chapuisat
S’il est difficile de vouloir garder un joueur contre son gré, il est parfois encore plus compliqué de s’en séparer sans avoir exploré toutes les options. Dans un temps ancien dont seuls les plus âgés se souviennent, le club domicilié à la Pontaise avait perdu Stéphane Chapuisat lors d’une pause hivernale; en janvier 1991, l’attaquant s’en était allé tenter sa chance en Bundesliga du côté du Bayer Uerdingen, avant de signer quelques mois plus tard au Borussia Dortmund avec le bonheur que l’on sait, devenant très vite le «chouchou» du Westfalenstadion. A l’époque, le LS jouait les premiers rôles en LNA - le départ de celui qui n’était pas encore «Chappi» l’avait privé de son meilleur atout offensif.
Le fond et la forme
Plus de trois décennies plus tard, le club vaudois galère en fond de cale - la perte de Puertas laisserait à n’en pas douter un vide difficile à combler auquel s’ajouterait un dégât d’image considérable auprès des supporters.
Dans ce dossier épineux dont a hérité Souleymane Cissé, le directeur sportif, il y a le fond et il y a la forme. Les dirigeants n’ont peut-être pas tout fait juste, le joueur et son entourage non plus, il en va ainsi dans toutes les relations de travail. Il serait aussi question d’une clause de départ prêtant à interprétation et qui pourrait être retoquée. Selon nos informations, la fameuse clause dont il fait référence ne s’appliquerait pas forcément en hiver. Si cela était confirmé, les responsables de la Tuilière pourraient donc s’y opposer.
A 23 ans, Cameron Puertas est jeune et talentueux, ce qu’il sera toujours au mois de juin. Aussi convient-il de bien mesurer l’enjeu se tramant ces jours-ci dans les bureaux du nouveau stade. Au-delà de la situation administrative du milieu de terrain, peut-on encore faire en sorte que l’intérêt du joueur coïncide avec celui de l’actuel barragiste de Super League? Oui, à condition de déboucher sur un compromis bien vaudois permettant aux deux parties de sauver la face.
Une question de reconnaissance
Dans ce deal restant à conclure, Puertas prolongerait son aventure lausannoise jusqu’à l’été et son employeur accepterait de le libérer à ce moment-là pour services rendus. Dans ce cas de figure, le joueur partirait par la grande porte et son public lui en serait éternellement reconnaissant, surtout si le LS échappait au triste sort que d’aucuns lui prédisent déjà.
La balle est dans le camp de Cameron Puertas. Doit-il nécessairement forcer le destin en tournant le dos au LS sur un coup de force? Quand on se dit «clubiste», il n’y a pas lieu d’adopter le profil d’un mercenaire sans états d’âme. On ne peut pas toujours piétiner l’éthique au nom du dieu pognon. Quand on reçoit, il faut aussi savoir donner, quitte à sauter un tour. Cela s’appelle la reconnaissance. Si Cameron Puertas aime «son» Lausanne autant qu’il l’a toujours affirmé, il doit faire en sorte de contribuer à son sauvetage. Et non fuir en abandonnant le rafiot.