Les avocats du prince Andrew mal pris à New York

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JusticeLes avocats du prince Andrew mal pris à New York

Les défenseurs du fils de la reine ont tenté de démontrer que la femme qui l’accuse d’agression sexuelle ne pouvait le poursuivre. Le juge a semblé en douter.

Michel Pralong avec AFP
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Michel Pralong avec AFP
Le prince continue à affirmer ne pas se souvenir de la femme qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement à trois reprises.

Le prince continue à affirmer ne pas se souvenir de la femme qui l’accuse de l’avoir agressée sexuellement à trois reprises.

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Un juge du Tribunal fédéral de Manhattan, Lewis Kaplan, a écouté mardi, lors d’une audience cruciale retransmise en téléconférence, les arguments d’avocats de la plaignante américaine, Virginia Giuffre, et des défenseurs du prince Andrew. Le second fils de la reine Elizabeth II est visé par une plainte au civil pour agressions sexuelles commises sur cette femme il y a plus de 20 ans lorsqu’elle était mineure.

Âgée aujourd’hui de 38 ans, cette femme affirme qu’Andrew l’a agressée sexuellement à trois reprises en 2001, lorsqu’elle avait 17 ans et s’appelait Virginia Roberts, à Londres, New York et aux îles Vierges américaines. C’est là que résidait un couple d’amis du prince: le multimillionnaire américain Jeffrey Epstein, qui s’est suicidé en prison en 2019, à 66 ans, avant son procès pour crimes sexuels, et la mondaine britannique Ghislaine Maxwell, 60 ans, incarcérée à New York depuis 2020 et jugée coupable le 29 décembre de trafic sexuel de mineures au profit d’Epstein entre 1994 et 2004.

Accord passé entre la plaignante et Epstein

Le camp du prince fait tout depuis six mois pour convaincre la justice américaine d’abandonner la plainte civile que Mme Giuffre a déposée à New York en août. Aujourd’hui, ils s’appuient sur un document vieux de 12 ans mais rendu public par la justice américaine lundi qui est un accord de dédommagement et d’exonération scellé en 2009 entre Virginia Giuffre et Jeffrey Epstein. La jeune femme avait alors touché 500 000 dollars du milliardaire et elle s’engageait à ne poursuivre ni le financier, ni d’«autres accusés potentiels».

C’est sur ce dernier point que jouent les avocats du prince. Andrew n’y est pas nommément cité mais, pour ses défenseurs, «c’est sans ambiguïté». C’est parce que Mme Giuffre a «abandonné ses droits à porter plainte contre d’autres accusés potentiels en signant l’accord de 2009 et qu’elle a touché de l’argent de M. Epstein» que son action en justice contre le prince Andrew est «sans fondement», a plaidé l’avocat du duc d’York, Andrew Brettler.

Au contraire pour le conseil de Mme Giuffre, David Boies, le prince n’est en rien «couvert» par la transaction de 2009, dont il n’avait «même pas connaissance» à l’époque. Le juge, quant à lui, a échangé vivement avec les avocats d’Andrew. Les débats ont surtout porté sur la notion d’accusé potentiel, le juge trouvant que la définition n’était pas claire et que, le prince Andrew n’étant pas au courant de cet accord à l’époque, ne pouvait être concerné.

Débats «brutaux»

Le «Daily Mail», qui est rarement tendre avec le prince Andrew, estime que l’audience ne s’est pas du tout bien passée pour les défenseurs du prince. Les experts que le journal a interrogés qualifient les débats de «brutaux» et qui n’auraient pas pu être pires pour le prince. Selon un ancien procureur fédéral, «le juge a clairement montré qu’il n’acceptait pas les arguments avancés par l’avocat du prince Andrew concernant l’accord de règlement. Il y a eu un certain nombre de fois où l’avocat d’Andrew a été réduit à dire: «Eh bien, respectueusement, je ne suis pas d’accord». Dans la salle d’audience, être respectueusement en désaccord avec le juge signifie que vous êtes sur le point de perdre».

Même son de cloche du côté de l’AFP: la position du camp du prince est «difficile à vendre», a dit à l’agence le professeur de Droit de l’université Pace, Bennett Gershman, qui parie que le juge rejettera la demande de classement de la plainte civile.

Le juge a conclu l’audience en promettant qu’il trancherait «très bientôt». Probablement dans les prochains jours.

Certificat exigé prouvant qu’Andrew ne transpire pas

Pour l’instant, Andrew, 61 ans, n’est pas poursuivi au pénal. Au sein de la famille royale britannique, celui qui faisait figure de playboy et de militaire courageux, et qui apparaît aujourd’hui comme un paria, nie toujours «catégoriquement» avoir agressé Virginia Giuffre. Il affirme même ne pas se souvenir de cette jeune fille.

Les avocats de Mme Giuffre réclament à ceux d’Andrew un certificat médical attestant que son corps ne transpire pas, qu’il n’est jamais «en sueur». Car dans une interview jugée calamiteuse sur la BBC en novembre 2019, le prince avait en effet nié avoir dansé «en sueur» avec la jeune fille dans une boîte de nuit de Londres il y a plus de 20 ans, comme elle l’avait raconté. Il souffrirait d’une impossibilité de «sudation» depuis la guerre des Malouines en 1982, où son organisme aurait sécrété trop d’adrénaline.

Largement diffusées, nombre de photos attestent de la proximité entre Andrew, Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell et Virginia Giuffre. Un cliché de 2000 montre le financier américain, la mondaine britannique et le prince à la chasse dans l’est de l’Angleterre. Dans un autre, Andrew et Virginia Giuffre se tiennent par la taille, tout sourire, avec Ghislaine Maxwell en arrière-plan.

La fameuse photo où le prince tient Virginia Giuffre par la taille devant Ghislaine Maxwell, cliché que les défenseurs du prince jugeaient triqué.

La fameuse photo où le prince tient Virginia Giuffre par la taille devant Ghislaine Maxwell, cliché que les défenseurs du prince jugeaient triqué.

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Enfin, le juge avait rejeté le 31 décembre une autre demande en nullité formée par le prince, au motif que Mme Giuffre ne pourrait pas porter plainte aux États-Unis car elle réside en Australie.

Si tous les recours d’Andrew échouent, un procès au civil pourrait se tenir «entre septembre et décembre» cette année, avait dit à l’automne 2021 le juge Kaplan.

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