ÉditorialBerne, le besoin de réenchanter la formule magique
L’élection d’Ignazio Cassis à la présidence de la Confédération est peut-être une des dernières selon la formule actuelle. On sent au Parlement une volonté de faire bouger les lignes au Conseil fédéral et contester la majorité UDC-PLR.
- par
- Eric Felley
156 voix sur 246 parlementaires, c’est un résultat honorable, mais sans plus pour le nouveau président de la Confédération, Ignazio Cassis. Alors que tous les groupes soutenaient officiellement sa candidature, il s’est trouvé du monde dans le secret de l’urne pour montrer sa réticence, notamment 36 bulletins blancs et 14 voix pour sa collègue de parti, Karin Keller-Sutter. Probablement que ces dernières provenaient du groupe des Vert.e.s, qui voulaient montrer que la dernière représentante du PLR, c’est elle, et elle seule.
L’élection du PLR tessinois s’est déroulée dans un contexte où la formule magique actuelle au Conseil fédéral – 2 UDC, 2 PLR, 2PS et 1C – fait débat. La semaine dernière au Conseil national, une coalition de centre gauche a voté pour un Conseil fédéral à 9 membres. Face à l’UDC et au PLR, qui sont pour le statu quo, tous les autres partis ont voté pour cette solution. C’est un signal clair aux deux partis bourgeois, que les choses doivent changer en matière de représentativité au sein du Conseil fédéral.
Un déséquilibre trop grand
Lors des élections de 2019, l’UDC et le PLR ont fait ensemble 40% des voix, ce qui se traduit aux Chambres fédérales par 103 sièges sur 246 parlementaires ou 41,8% des sièges. Mais, avec quatre sièges sur sept au Conseil fédéral, l’UDC et le PLR détiennent 57% du Gouvernement. Aujourd’hui, Ignazio Cassis est élu président, alors que son parti, le PLR, dispose de 41 sièges et deux conseillers fédéraux. Tandis que les Verts avec 35 en ont zéro. Ce déséquilibre ne devrait pas durer pour la cohérence de la démocratie helvétique.
Si la coalition de centre gauche avait décidé aujourd’hui d’élire quelqu’un d’autre à la place d’Ignazio Cassis, ils en auraient eu les moyens. Mais cela aurait été contraire aux usages du Parlement et à la règle du tournus. Cette situation bancale va donc se poursuivre jusqu’aux élections fédérales de 2023. Mais, si dans deux ans, les rapports de force sont les mêmes, où s’il se produit encore une nouvelle poussée verte, la formule actuelle ne sera plus tenable d’un point de vue de la concordance. Ou tout simplement de la volonté du peuple.