NigeriaManifestations et émeutes contre la pénurie de billets
À dix jours de la présidentielle, le Nigeria est secoué par des violences en raison de l’apparition de nouveaux billets. Problème: ils sont rares et de nombreux commerces refusent d’échanger les vieux.

Les banques ont limité les retraits bancaires en raison de la rareté des nouveaux billets, et certains commerces refusent les anciens, ce qui entraîne de longues files d’attente (ici à Maiduguri) et une perturbation des activités commerciales.
AFPDes émeutiers ont attaqué, mercredi, des distributeurs de billets et bloqué des routes dans trois villes du Nigeria, où de nouvelles manifestations se sont déroulées face à la pénurie de billets. Le pays est en proie à une pénurie de billets libellés dans la monnaie locale, le naira, depuis que la Banque centrale a commencé à changer les anciens billets pour de nouveaux, redessinés.
Les banques ont limité les retraits bancaires en raison de la rareté des nouveaux billets, et certains commerces refusent les anciens, ce qui génère de longues files d’attente et une perturbation des activités commerciales.
Nombreuses arrestations
À dix jours de l’élection présidentielle, dans un pays où les habitants sont déjà en proie à des pénuries fréquentes de carburant, des violences se sont produites dans le sud-ouest, à Ibadan et Benin City, et dans l’État du Delta. Selon la police de cet État, «de jeunes vauriens» ont incendié deux banques et deux véhicules. «Nous avons arrêté neuf suspects à ce stade. Certains appelleront cela des manifestations», a tweeté le porte-parole de la police de l’État, Bright Edafe.
Des images de télévisions locales montraient de jeunes hommes brûlant des pneus dans les faubourgs de la localité de Warri, dans le Delta. À Benin City, des manifestations ont éclaté quand la police a empêché des «voyous» d’attaquer le bureau local de la Banque centrale, selon le porte-parole du gouverneur de l’État d’Edo, Crusoe Osagie. Selon lui, ces violences sont motivées politiquement par le parti au pouvoir, l’APC, qui veut profiter de la colère pour semer le chaos dans cet État, dirigé par le parti d’opposition PDP. Dans cette ville, des médias parlent même de morts.
À Ibadan, une foule en colère a brûlé des pneus et bloqué des routes. Selon la police de l’État d’Oyo, des manifestations ont éclaté dans certains quartiers de la capitale de cet État mais ont rapidement été maîtrisées. «Il y a eu des protestations, ce matin, par certains clients de banques mécontents», a déclaré le porte-parole Adewale Osifeso.
Vieux billets non valables
Selon des habitants, les troubles ont commencé dans plusieurs quartiers, lorsque ces clients en colère ont protesté parce qu’ils ne pouvaient pas retirer leur argent ou ne pouvaient pas changer leurs vieux billets pour des nouveaux. «Les principales routes ont été bloquées, tandis que les banques, les magasins et d’autres entreprises étaient fermés», a déclaré Remi Feyisipo, un journaliste local. Selon lui, les manifestants étaient également en colère parce que les commerçants et les stations-services n’acceptent plus les anciens billets.
En octobre, la Banque centrale avait subitement annoncé changer les billets de banque (notamment leur couleur) et décidé que les anciens billets ne seraient plus valables fin janvier. Elle a ensuite repoussé la date au 10 février, face aux pénuries et sous la pression populaire.
La campagne chauffe
Plus de 93 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire un successeur au président Muhammadu Buhari, qui finit son deuxième mandat avec un bilan marqué par une insécurité rampante, devenue quasi généralisée, et une grave crise économique. Le parti au pouvoir a justifié ce changement de monnaie par la nécessité de lutter contre les achats de voix, mais l’opposition l’accuse d’avoir pris cette décision pour la priver de ressources et l’empêcher de faire campagne.