(in)JusticeLe Sri Lanka libère un avocat détenu près de deux ans sans procès
Hejaaz Hizbullah, un opposant politique, avait été incarcéré en avril 2020. Il avait été accusé, sans preuves, d’implication dans les attentats jihadistes qui avaient fait 279 morts à Pâques 2019.
Un tribunal du Sri Lanka a ordonné lundi, la remise en liberté d’un avocat et opposant politique détenu sans procès depuis près de deux ans, après avoir été accusé d’implication dans les attentats jihadistes de Pâques 2019, sans preuves, selon des organisations de défense des droits de l’homme.
Hejaaz Hizbullah, qui s’est fait un nom en tant que défenseur de la communauté musulmane minoritaire du Sri Lanka, avait été arrêté en avril 2020, pour son implication présumée dans ces attentats contre des églises et des hôtels qui avaient fait 279 morts.
Les procureurs avaient échoué à fournir les preuves de son implication et l’avaient ensuite inculpé pour incitation à la «haine raciale» en vertu de la loi draconienne sri lankaise sur la prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act, PTA).
Le tribunal a estimé en appel que certains aspects draconiens de la loi avaient été utilisés à mauvais escient, afin de maintenir Me Hizbullah en détention et souligné que le Parlement avait entamé un processus de réforme de cette loi.
Le Parlement européen avait dénoncé son arrestation
La décision, lundi, de remettre l’avocat en liberté sous caution, intervient quelques semaines à peine avant un examen prévu de son cas au Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, ont indiqué des diplomates.
Amnesty International, qui considérait Me Hizbullah comme un prisonnier d’opinion, a salué la nouvelle de sa libération. «Il était en détention prolongée (…) sans l’ombre d’une preuve crédible», a déclaré l’organisation de défense des droits de l’homme basée à Londres.
Des dizaines d’organisations avaient fait campagne contre son arrestation, en avril 2020, qui avait aussi été dénoncée par le Parlement européen.
Abrogation de la loi réclamée
Eran Wickramaratne, du parti d’opposition sri lankais SJB, a demandé l’abrogation pure et simple de la loi «très autoritaire» qui a servi à l’emprisonner. «Nous devons nous assurer qu’il n’y aura plus de prisonniers de conscience comme Hejaaz», a-t-il tweeté.
Tout en accueillant la «bonne nouvelle» de la remise en liberté de Me Hizbullah, Bhavani Fonseka, militante locale des droits humains, a insisté sur Twitter que cela «ne doit pas faire oublier la nécessité d’abroger le PTA».
Intimidation de journalistes, avocats et militants
Me Hizbullah s’est attiré la haine de la famille dirigeante du pays, après avoir réussi à contrer ses efforts pour ramener l’ancien président Mahinda Rajapaksa, au pouvoir durant la crise constitutionnelle de 2018. Mais l’année suivante, Mahinda était nommé Premier ministre par son frère cadet Gotabaya, qui venait de remporter l’élection présidentielle.
La Haute Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, avait appelé à porter une «attention renouvelée» sur les affaires d’intimidation de journalistes, avocats et militants au Sri Lanka, après le retour au pouvoir du clan Rajapaksa.