FootballCe Lausanne-là va-t-il droit dans le mur?
Lanterne rouge de Super League, le club vaudois va mal. Plus que le classement, c’est la pauvreté de son jeu qui inquiète. Trois experts se penchent sur le patient de la Tuilière.
- par
- Nicolas Jacquier
Il y a les chiffres, qui sont mauvais, traduisant une réalité qui fait mal, celle d’une équipe ne sachant plus gagner. Ce n’est pas nouveau mais cela en devient inquiétant.
À l’automne 2017, Lausanne avait bouclé ses huit premiers matches avec six points, place de lanterne rouge à la clé. Un exercice qu’il avait alors terminé en Challenge League…
Quatre ans plus tard, les voyants sont à nouveau au rouge. Sevré de victoire depuis le début du championnat, Lausanne n’a pu comptabiliser que quatre points qui en font le cancre de la Ligue. Pire: avant son déplacement de samedi à Lugano, le club vaudois n’a plus gagné depuis le printemps dernier - une série négative de 10 matches sans victoire depuis un ultime succès remontant au 12 mai à Genève (4-1 contre Servette).
Qu’est-on en droit d’attendre d’une formation à qui Souleymane Cissé, son ambitieux directeur sportif, promet une place sur le podium d’ici à 2024? L’urgence est plus terre à terre. Au moment de boucler son premier tour, le pensionnaire de la Tuilière se doit de réagir ce week-end déjà. Victimes d’une forme de blocage, ses joueurs le pourront-ils? En attendant le verdict du Cornaredo, trois experts se penchent sur le cas du LS.
Gabet Chapuisat: «L’équipe est trop légère dans tous les secteurs»
Lausanne va-t-il dans le mur? «Il en a en tout cas pris la direction! Avec l’effectif actuel, ça va être très compliqué. Lausanne a voulu se séparer cet été de Loosli, Flo et Boranijasevic en défense mais qu’apportent ceux qui sont censés les remplacer? Au niveau du recrutement, je ne sens pas une politique très cohérente. Alors que le directeur sportif nous promet un vrai renfort offensif, Cissé va chercher Mayron George, de toute évidence en surpoids et qui n’apporte rien.»
Ilija Borenovic est-il un coach en danger? «Oui, comme partout. Être un homme du sérail ne garantit pas encore de faire des points. Borenovic est un excellent formateur mais cela n’en fait pas automatiquement un compétiteur. Jusqu’à présent, Cissé le défend parce que c’est lui qui l’a choisi. Mais que se passerait-il si la victoire continuait à fuir les Lausannois? À un moment donné, Ineos pourrait choisir de changer tout son staff, directeur sportif compris.»
Ce qui vous inquiète le plus? «En défense, Lausanne a choisi de repartir avec des jeunes, il en paie le prix fort. En vérité, je trouve que l’équipe est trop légère dans tous les secteurs. Au milieu, Cameron Puertas a choisi de troquer son No 21 pour le No 10. Mais ce n’est ni Pelé ni Maradona ni Zidane. Cameron était bien meilleur dans son précédent rôle, quand il pouvait se projeter vers l’avant. Je le trouve paumé, à l’image du LS.»
Jean-Philippe Karlen: «Il manque un patron pour secouer le cocotier»
Lausanne va-t-il dans le mur? «Lausanne n’est pas le seul à souffrir. D’autres équipes sont dans la gonfle. Je suis moyennement inquiet. Je le serais vraiment si l’équipe ne profitait pas du deuxième tour et d’un calendrier plus favorable pour changer de rythme en enchaînant quelques victoires à domicile. Dès que ça va tourner, les gars vont exploser un Lucerne ou un GC. Et si les choses devaient mal se passer, Ineos ferait en sorte de changer la donne à Noël.»
Ilija Borenovic est-il un coach en danger? «Obligatoirement. Dès l’instant où un entraîneur ne fait pas de résultats, on sait ce qu’il peut advenir…»
Ce qui vous inquiète le plus? «Le talent existe mais on ne le voit pas assez s’exprimer. Dans les matches où il n’a rien à perdre, contre un YB par exemple, Lausanne devrait davantage oser. Pour moi, il manque un leader naturel, un patron pour secouer le cocotier. Kukuruzovic n’est clairement pas à son niveau. Le succès du LS passera par le retour en forme de son capitaine.»
Claude Gross: «Je suis davantage préoccupé par le jeu que par le classement»
Lausanne va-t-il dans le mur? «Il faut espérer que non! La situation comptable n’est pas dramatique en soi. Je suis davantage préoccupé par ce que je vois sur la pelouse, au niveau du jeu, que par la lecture du classement. Comment imaginer remporter deux matches de suite quand vous n’en avez pas encore gagné un seul? Lausanne se retrouve dans le dur depuis le début du championnat. Je n’y suis pas mais dans le vestiaire, ça ne doit pas être gai.»
Ilija Borenovic est-il un coach en danger? «Si j’en crois les déclarations des dirigeants, non. Ils nous disent que tout va bien, alors tant mieux! Visiblement, tout le monde a l’air très serein… C’est leur discours. C’est d’ailleurs vrai, quand on est serein, pourquoi changerait-on d’entraîneur?»
Ce qui vous inquiète le plus? «Beaucoup de choses… Que se soit défensivement ou offensivement, tout est inquiétant. Sans doute y a-t-il moins de qualités dans ce groupe que dans celui de la saison passée. On dit qu’il faut laisser du temps au temps… Mais du temps, vous n’en avez pas dans une Ligue à dix.»