Soudan: Procès contre l’ex-patron suisse de Lundin autorisé

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SoudanProcès contre l’ex-patron suisse de Lundin autorisé

La Cour suprême suédoise a donné son feu vert, jeudi, à un procès contre Alex Schneiter, poursuivi pour «complicité de crimes de guerre» au Soudan.

Un puits de pétrole de la société suédoise Lundin. (Photo d’illustration)

Un puits de pétrole de la société suédoise Lundin. (Photo d’illustration)

AFP

La Cour suprême suédoise, plus haute juridiction suédoise, a rejeté un recours d’Alex Schneiter, 60 ans, ancien patron suisse du groupe pétrolier suédois Lundin Oil. Le procès contre ce dernier, poursuivi pour «complicité de crimes de guerre» au Soudan, aura bien lieu. L’homme d’affaires plaidait qu’il ne pouvait être soumis à la compétence universelle de la justice du pays en matière de crimes de guerre, n’étant ni résident ni citoyen suédois. «Une forme de lien avec la Suède» était en effet nécessaire à l’inculpation mais la Cour suprême a estimé que les liens de M. Schneiter avec le pays «dans d’autres domaines» étaient «suffisants», indique-t-elle jeudi, dans un communiqué.

M. Schneiter, vice-président responsable des opérations au moment des faits et devenu ensuite directeur général, avait été inculpé l’an dernier dans ce dossier avec le Suédois Ian Lundin, président de la compagnie pétrolière possédée par sa famille jusqu’à sa vente au groupe norvégien Aker il y a quelques mois. Les faits remontent à la période 1999-2003 sur un site pétrolier situé dans l’actuel Soudan du Sud, dans une région particulièrement touchée par les violences de la guerre civile soudanaise qui faisait rage à l’époque, sous l’ère du président Omar el-Béchir. Après une découverte de pétrole par Lundin en 1999, le gisement du «Block 5A» avait fait l’objet d’affrontements armés entre milices rebelles d’une part et armée soudanaise et miliciens alliés au régime de Khartoum de l’autre. De nombreux civils en avaient été victimes, selon l’accusation. Les deux anciens dirigeants de Lundin sont accusés d’être complices pour avoir demandé la protection du gouvernement soudanais, alors qu’un accord de paix de 1997 prévoyait que le secteur était sous la responsabilité de milices locales.

128 millions de francs réclamés

Les procureurs réclament également le paiement de 1,4 milliard de couronnes (près de 128 millions de francs), correspondant au prix de vente par Lundin de ses activités soudanaises en 2003. Lundin avait dénoncé l’an dernier des inculpations «incompréhensibles», affirmant n’avoir «rien fait de mal» et qu’«aucune preuve» ne lie les deux hommes d'affaires aux crimes commis au Soudan. Nommée Lundin Oil au moment des faits, l’entreprise est ensuite devenue Lundin Petroleum puis Lundin Energy, avant que la plupart de ses actifs ne soient intégrés dans Aker mi-2022.

Un aval donné par le gouvernement en 2018 avait aussi été nécessaire pour poursuivre un ressortissant étranger. Le procès doit avoir lieu au tribunal de Stockholm à une date encore indéterminée. MM. Schneiter et Lundin encourent la perpétuité.

(AFP)

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