Mondiaux de ski alpin: «L’impression de descendre l’Everest en claquettes chaussettes»

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Mondiaux de ski alpin«L’impression de descendre l’Everest en claquettes chaussettes»

Dossard 100 du géant masculin des Mondiaux de Courchevel/Méribel, Jérôme Philippe Coss a vécu un calvaire lors de la première manche, où il est sorti après quelques portes. Le Cap-Verdien de 48 ans a tremblé.

Sylvain Bolt Courchevel
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Sylvain Bolt Courchevel
Le Cap-Verdien Jérôme Philippe Coss a été le dernier skieur à s’élancer lors de la première manche du géant des Mondiaux. Il n’a pas tenu longtemps sur la piste.

Le Cap-Verdien Jérôme Philippe Coss a été le dernier skieur à s’élancer lors de la première manche du géant des Mondiaux. Il n’a pas tenu longtemps sur la piste.

AFP

Les téléspectateurs sont déjà passés à table. Comme les milliers de fans présents dans l’aire d’arrivée. Le speaker s’égosille: «J’aimerais qu’on encourage le dernier concurrent à s’élancer!» Jérôme Philippe Coss, en simple tenue de sport, s’élance avec le dossard 100 lors de la première manche du géant des Mondiaux à Courchevel.

Ce prof de sciences d’un lycée de Bourg-Saint-Maurice représente le Cap-Vert, pays de son ex-femme. Qualifié de justesse la veille, lors d’une épreuve avec d’autres skieurs de nations pas habituées au cirque blanc, le docteur en physique passe difficilement les premières portes. Il a repris les skis il y a deux ans, après des dizaines d’années sans lattes. La porte suivante est celle de trop, le Cap-Verdien ne parvient pas à remonter. Il est disqualifié.

Jérôme Philippe Coss, quel est votre ressenti après cette première participation aux Mondiaux?

La piste était hyper glacée, c’était vraiment dangereux. Mes skis n’étaient pas bien préparés, car ils sont vieux. Comme je n’ai pas de sponsors, je ne change pas chaque année de matériel. Et je ne possède pas trois ou quatre paires.

Quel était votre objectif aujourd’hui?

D’essayer de rester sur la piste le plus longtemps possible! Mais à chaque virage, j’étais trop loin de la porte, je descendais de deux ou trois mètres, du coup je me suis rapidement retrouvé sous la porte et je n’ai pas pu remonter pour l’attraper. Aujourd’hui, j’avais l’impression de descendre l’Everest en claquettes chaussettes. Ici, à chaque virage, tu te mets sur le toit.

Vous avez pu constater l’écart avec les meilleurs géantistes mondiaux…

Hier soir, au meeting des capitaines d’équipe, on nous a avertis que c’était une piste noire. Et on nous a précisé qu’il ne fallait pas nous élancer si on ne le sentait pas. Surtout pour nous, skieurs de «petites nations», on n’a pas l’habitude de skier sur de telles pistes. C’est un cran au-dessus.

Jérôme Philippe Coss est prof de sciences au lycée et rêve de Jeux olympiques.

Jérôme Philippe Coss est prof de sciences au lycée et rêve de Jeux olympiques.

Regrettez-vous de ne pas avoir pu finir?

Oui, j’aurais aimé finir. Je suis descendu en dérapant jusqu’à la ligne d’arrivée et comme j’étais le dernier dossard, je me suis permis de prendre quelques portes. Les deux murs, c’était impressionnant. C’était tellement glacé que les secouristes avaient des piolets et des crampons, attachés à un harnais.

Quelle est la suite de votre programme?

Je vais participer aux qualifications du slalom samedi, pour tenter de prendre part à celui de dimanche. Mais il y aura plus de concurrence. Après, l’idée, c’est de participer aux Mondiaux 2025 et surtout aux Jeux olympiques 2026. J’aimerais trouver un sponsor qui finance mes skis et un club ou une structure pour pouvoir m’entraîner plus que deux fois par semaine. Ce serait le rêve! L’idée serait de pouvoir faire des entraînements au moins trois ou quatre fois par semaine sur de vraies pistes. Et idéalement avec un coach, afin de faire aussi de la préparation physique. Aujourd’hui, ça m’a manqué.

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