ÉmeutesUne nuit calme en France, avec moins d’une centaine d’interpellations
Après cinq nuits d’émeutes sur tout le territoire français, un retour au calme partiel a été constaté dans la nuit de dimanche à lundi. Aucun incident majeur n’est à signaler.
La violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a provoqué une indignation unanime en France, où un retour au calme s’est esquissé dans la soirée de dimanche après cinq nuits d’émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier.
À 01 h 30, les forces de l’ordre avaient procédé à 78 interpellations sur le territoire national, selon le ministère de l’Intérieur, et aucun incident majeur n’était signalé. À Paris et dans sa proche banlieue, 20 personnes avaient été interpellées à 01 h 00, d’après la préfecture de police.
Le choc causé par l’agression visant le maire de L’Haÿ-les-Roses, commune de 30’000 habitants de la banlieue sud de Paris, avait fait passer au second plan la décrue des violences déjà constatée dans la nuit de samedi à dimanche dans de nombreuses villes. Après ces faits, dans un contexte de recrudescence des attaques visant les élus, la population est invitée à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies de France.
Emmanuel Macron doit recevoir les présidents des deux chambres également lundi, puis les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences mardi. Il a aussi demandé à sa première ministre de rencontrer les présidents des groupes parlementaires lundi. Le président de la République souhaite, en outre, «débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements», selon l’Élysée.
«Confiance en la justice»
En cinq nuits d’émeutes jusqu’à dimanche matin, la place Beauvau a comptabilisé quelque 5000 véhicules incendiés, 10’000 feux de poubelles, près de 1000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés…
Après ce déferlement de violences soudain sur un large territoire, les appels au calme commenceraient-ils à porter? Dimanche après-midi, la grand-mère de l’adolescent tué mardi dernier à Nanterre lors d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer a lancé un message aux émeutiers. «Qu’ils ne cassent pas les vitrines, qu’ils ne cassent pas les écoles, pas les bus», a exhorté Nadia sur BFMTV.
«Fatiguée», «dévastée», elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste «comme tout le monde», en assurant avoir «confiance en la justice». Quelques heures plus tôt, plusieurs responsables politiques ont craint qu’«un cap» ait été «franchi» lors de l’agression qui a visé le premier magistrat de L’Haÿ-les-Roses, dimanche vers 01 h 30 du matin, quand une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l’enceinte de son domicile alors qu’il se trouvait dans sa mairie.
Dispositif massif
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour «tentative d’assassinat». En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l’épouse de Vincent Jeanbrun (LR), Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s’est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée. Dimanche soir, la mairie de la petite commune de Charly (Rhône), au sud de Lyon, a aussi révélé qu’un dispositif destiné «sans ambiguïté» à provoquer un feu avait été retrouvé le matin au domicile du maire.
Pour la troisième nuit consécutive, un dispositif massif a été maintenu, avec 45’000 gendarmes et policiers mobilisés. Des blindés légers ont été déployés à Marseille et le RAID à Lyon, où l’unité d’élite a essuyé quelques projectiles, selon la préfecture.