FranceLes hôpitaux se préparent pour résister cet hiver à la crise de l’énergie
Gros consommateur d’énergie, le secteur hospitalier français met en place des mesures d’économie. Parmi elles, baisse du chauffage, même dans les chambres, et utilisation d’ampoules LED.
Le chauffage baissé dans les chambres à 22 degrés, changement des ampoules… Les hôpitaux français se préparent à l’hiver, sur fond de flambées des coûts de l’énergie. Par précaution, ils doivent s’approvisionner en fioul au cas où ils devraient activer les groupes électrogènes de secours. Or, ils ne bénéficient pas du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement pour les particuliers et les petites entreprises.
Leurs factures «devraient être multipliées en moyenne par trois ou quatre», selon Rudy Chouvel, responsable développement durable à la Fédération hospitalière de France. «Cela représente des millions d’euros et va rendre la gestion financière de beaucoup d’établissements très difficile», relève-t-il.
Une consommation équivalente à celle de 5 millions de foyers
Le secteur hospitalier est un mastodonte: ses établissements publics et privés représentent 130 millions de mètres carrés selon l’Anap, l’agence nationale qui aide les établissements de santé à améliorer leurs services. Soit une consommation électrique équivalente à celle de 5 millions de foyers. Outre l’électricité, les hôpitaux sont également de grands consommateurs de gaz pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, les services de blanchisserie ou encore les cuisines.
Plus que jamais, l’heure est à la réduction de la consommation énergétique dans les services hospitaliers. Les établissements sont encouragés à mettre en œuvre des mesures immédiates et à procéder à un audit de leur consommation énergétique afin de définir les possibles économies. Parmi les mesures préconisées par les agents chargés de mener la transition énergétique au sein des hôpitaux, une température à 22 degrés dans les chambres des patients (contre souvent 24 degrés actuellement) et de 19 degrés dans les locaux administratifs.
La pédagogie, facteur essentiel au changement des habitudes
Le Ministère de la santé et deux agences nationales ont lancé le recrutement de 150 personnes dédiées à la transition énergétique des établissements sanitaires et médico-sociaux. L’un d’eux, Julien Bestion est chargé de mettre en place des mesures «simples» (remplacer les ampoules obsolètes par des LED, installer des détecteurs de présence, etc.) des établissements sanitaires et médico-sociaux dans le Tarn (sud-ouest) afin de réduire de 10% la consommation des 25 structures qu’il accompagne. Il souligne «l’importance de la pédagogie car tous ces gestes ne font pas encore partie des habitudes».
La crise actuelle de l’énergie accélère la nécessité d’agir rapidement pour réduire les dépenses en électricité et en gaz mais cette préoccupation n’est pas nouvelle dans le secteur hospitalier. Ainsi, l’hôpital de Poitiers (ouest) produit sa propre électricité depuis le milieu des années 1990. L’hôpital Saint-Louis à Paris, lui, réduit chaque année depuis 2017 sa consommation énergétique de plus de 2% (jusqu’à 6% en 2020).