HCA-HCC: les fans refont le match: «Un but de Hauert? On en parlait encore avant le match»

Le «PAN» se définit comme un individu «hyper optimiste.» Même mené de deux longueurs mardi soir lors de l’acte III du barrage de promotion-relégation, le «PAN», la cinquantaine bien avancée, y croyait encore dur comme fer. «À l’époque, en LNB, Ajoie avait marqué quatre buts en 77 secondes, c’était contre Olten. Dès lors, j’y crois toujours jusqu’à la dernière seconde. En début de match, on joue bien et on se retrouve menés 0-2. Là, je me suis dit: bon sang, c’est quand même mal payé.»

De nature plutôt discrète, ce supporter établi à Develier, village situé à côté de Delémont, préfère afficher les couleurs de son club de cœur plutôt que son visage face à l’objectif. «Mon prénom, on s’en fout, personne ne le sait. La moitié du Jura me connaît sous le nom de «PAN».

Le «PAN» – ce sont ses initiales – en est certain: ce succès arraché très tard marque un tournant dans cette série qui voit les Jurassiens être toujours menés 2-1 avant l’acte IV de jeudi aux Mélèzes. «Tout à coup, on gagne jeudi et la série elle tourne pour de bon. Ils ont quand même pris un coup sur la «cafetière» ce soir.»

Pierre-André, le «PAN», a quitté l’enceinte bruntrutaine l’œil joyeux. «Il n’y a pas eu photo par rapport aux derniers matches. On a enfin joué. Là, j’ai reconnu mes Ajoulots. Les trois derniers tiers (ndlr: il y en a eu presque cinq), honnêtement, on n’a plus vu l’adversaire. Mais on a quand même toujours du mal à planter.» Puis il s’interrompt. Gregory Sciaroni, suivi de Valentin Pilet, passent dans les couloirs de la Raiffeisen Arena. «Yeah, yeah, yeah les gars!»

Shima et Aurèle n’ont pas regretté leur déplacement de Porrentruy. Malgré la défaite, malgré aussi la courte nuit (retour à La Chaux-de-Fonds vers 1 heure du matin), ces fans de longue date du HCC posent tous deux un regard lucide sur cet acte III. «Les Ajoulots ont clairement haussé leur niveau de jeu. On a pu lire qu’ils s’étaient mis dans leur bulle depuis lundi, cela a eu son effet. Ils ont livré là, et de loin, leur meilleur match», reconnaît, beau joueur, Aurèle.

Membres de la STP, la «Section Torse Poils», ils ont suivi ces débats, comme l’ensemble de l’assistance, avec une certaine crispation. «Si on doit rester jusqu’à 3 heures du matin pour voir notre équipe gagner, on le fera», assure encore Aurèle. Ce revers n’entame nullement leur confiance. Même Shima qui, comme elle l’admet, était «très défaitiste avant le début de la série.»

La tendance s’est désormais inversée chez la jeune femme établie à Chaumont: «C’est bien qu’Ajoie ait remporté un match. Cela redonne un peu espoir à son public qui, j’ai l’impression, ne semblait plus trop y croire.»

Shima et Aurèle restent convaincus que leurs favoris marqueront un troisième point jeudi. «Aux Mélèzes, l’équipe est imbattable. On sait à présent le niveau qu’est capable de proposer Ajoie. Il faudra s’adapter. On le fera et on gagnera, avec trois pucks de promotion derrière», certifie Aurèle.

À force d’écouter son fils, fan du HCA depuis 3-4 ans, Cathy s’y est remis. «J’ai été supportrice du club il y a très long.» Vu le contexte du moment, la résidente de Courrendlin, dans le district de Delémont, a décidé de reprendre le chemin de la patinoire. «J’ai repris goût, oui. Il faut dire qu’à la maison, mon fils ne fait que parler de cette équipe.»

Comme tous, elle a passé une soirée pleine d’émotion mardi. «Un match intense et stressant. Mais vraiment chouette à suivre, car l’équipe a montré autre chose. J’ai vu de l’agressivité et une équipe de Chaux-de-Fonds qui s’est très bien défendue. À 0-2 dans le match, je n’ai pas du tout perdu espoir. Je savais ce groupe capable de montrer son potentiel de National League.»

Chanceuse, Cathy a pu assister au premier but dans l’élite du capitaine et futur retraité Jordane Hauert. «On en parlait encore à midi avec mon fils, qu’il n’avait pas marqué de but depuis la promotion d’Ajoie et que ce pouvait être le bon moment.» Il a été là, «Captain Jo», sauveur de tout un canton mardi à 23h29. «Oui, c’est bien tout un canton qui est derrière l’équipe. Là, je la sens bien remontée. On ne sera pas chez nous jeudi, ce sera dur, mais elle peut le faire.»

Pour la Jurassienne, «le HC Ajoie pourrait être le Zoug de 2022.» Menés 3-0 en finale de play-off contre Zurich, les Zougois n’avaient-ils pas remporté le titre en bout de ligne?

Julien et Vincent présentent plusieurs traits communs. Physiques, déjà – ils sont jumeaux – mais les deux Chaux-de-Fonniers partagent également la passion du maillot des Abeilles et ce, depuis bientôt 25 ans. Ils ont souffert avec leur équipe mardi soir. «Ajoie a montré un meilleur visage. Là, pour le coup, on a vu qu’il y avait quelque chose en face.»

Ce résultat n’est cependant pas de nature à inquiéter Julien. «On va dire qu’ils ont gagné un match pour sauver leur honneur et on leur fera comprendre au prochain qu’ils n’ont aucune chance. Le jouer chez nous représente un gros avantage. Il faudra d’ici là reposer la tête et le corps. Un duel de 93 minutes, c’est long!»

Vincent axe d’ailleurs son analyse sur la gestion de la fatigue. Son pronostic pour l’acte IV? «L’équipe qui aura le mieux récupéré l’emportera.» Donc le HCC, on l’a bien compris. «Cette défaite sert de piqûre de rappel à nos joueurs. Cela leur fera prendre conscience que ce barrage ne sera pas si facile que cela. On ne s’attendait d’ailleurs pas à battre le HCA en quatre matches. Le prochain rendez-vous à domicile est un grand avantage, mais il faudra prier un peu quand même d’ici là.»