Des tonnes de CO2 en moins en gardant un smartphone 3 ans de plus

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PollutionDes tonnes de CO₂ en moins en gardant un smartphone 3 ans de plus

Recycler, c’est bien, mais prolonger la durée de vie de nos objets c’est encore mieux selon une étude commandée par Greenpeace sur cinq produits courants.

Michel Pralong
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Michel Pralong
Si tous les ordinateurs portables et smartphones de Suisse étaient utilisés 3 ans de plus que la moyenne actuelle, on économiserait l’équivalent en émissions CO₂ de près de 25 000 tours de la planète en voiture.

Si tous les ordinateurs portables et smartphones de Suisse étaient utilisés 3 ans de plus que la moyenne actuelle, on économiserait l’équivalent en émissions CO₂ de près de 25 000 tours de la planète en voiture.

Getty Images/iStockphoto

Pour éviter le gaspillage, le recyclage et le tri des déchets sont une bonne chose. Mais il y a mieux: ne pas jeter ses affaires, ou du moins pas aussi rapidement qu’on le fait maintenant. Greenpeace, qui a déjà lancé une pétition pour demander un droit à la réparation en Suisse a mandaté le bureau d’études INFRAS pour mesurer l’impact d’une plus longue conservation de certains de nos objets les plus courants.

L’analyse a porté sur les machines à laver, les ordinateurs portables, les smartphones, les vêtements et les meubles. Aujourd’hui, un lave-linge en Suisse est utilisé en moyenne 14,7 ans. Si on prolongeait la durée de vie de toutes les machines à laver du pays de 3 ans, cela ferait économiser 11 000 tonnes de CO₂, ce qui correspond à 54 millions de kilomètres parcourus en voiture, soit 1340 fois le tour de la Terre.

Pour les ordinateurs portables, les garder 3 ans de plus que les 5,7 années actuelles équivaut à diminuer l’empreinte énergétique de la Suisse de 102 000 tonnes de CO₂. Pour les smartphones, utilisés 2,3 ans seulement, doubler leur durée de vie, donc les garder 4,6 ans, économiserait 81 000 tonnes de CO₂, soit 10 100 tours du monde.

Garder les vêtements 7 ans au lieu de 4

Les meubles, que l’on conserve 10,5 ans en moyenne nous feraient gagner 143 000 tonnes de CO₂ avec 3 ans de plus. Et le plus gros poste concerne les vêtements: ils se portent en moyenne 4 ans. Si c’était 7 ans, on soulagerait la Suisse de 1,4 million de tonnes de CO₂. Soit 186 000 tours de la Terre!

Selon l’étude de l’INFRAS parue ce 15 mars, l’empreinte carbone suisse pourrait être réduite de 1,8 à 4 millions de tonnes d’équivalent CO2 si tous les produits de consommation du pays étaient utilisés un à trois ans de plus. Pour comparer, le recyclage du PET en 2020 a permis d’économiser 137 000 tonnes d’équivalents CO₂. Greenpeace précise en outre que l’analyse s’est concentrée sur les émissions les émissions de gaz à effet de serre pour faciliter les comparaisons, mais prolonger la durée de vie des produits a bien d’autres effets positifs sur l’environnement.

Prolonger la durée de vie d’un objet ne se cantonne pas à la volonté de le garder plus longtemps. Il faut également qu’il soit toujours utilisable. Il importe donc de faciliter sa réparation, mais également que, dès la phase de production, il ne soit pas l’objet d’une obsolescente programmée et qu’il soit conçu pour durer le maximum de temps. On peut également le partager, le réutiliser ou le reconditionner.

Lutter contre la simple envie de changement

L’obsolescence matérielle n’est d’ailleurs pas la seule en cause. Il y a également celle, psychologique, motivée par les progrès technologiques, rappelle l’INFRAS. Ainsi, souvent, on change d’appareil électronique pour avoir accès à de nouvelles fonctionnalités, alors que le précédent était encore tout à fait opérationnel. Et un pays à haut pouvoir d’achat comme la Suisse est particulièrement concerné par le phénomène. Selon la catégorie de produits, mieux vaut surtout réduire les différentes obsolescences non matérielles, sensibiliser les consommateurs aux avantages d’une utilisation prolongée et prévoir les incitations nécessaires à cette fin, selon Greenpeace.

«Avec nos habitudes de consommation actuelles, nous exploitons l’environnement et nuisons au climat. Il est grand temps de remettre en question notre consommation et de donner la priorité à la réparation, au partage, à la réutilisation et au reconditionnement. C’est maintenant aux politiques d’agir» explique Florian Kasser, expert consommation et économie circulaire pour Greenpeace Suisse.

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