Conseil nationalViola Amherd veut expulser les espions russes indésirables
Le Conseil national a voté une motion demandant au Conseil fédéral d’être plus sévère avec les espions. Pour Viola Amherd, c’est une question de crédibilité.
- par
- Eric Felley
En Suisse, les activités d’espionnage tombent sous le coup du Code pénal. Malgré tout, le pays serait une plateforme pour les services de renseignements du monde entier. Dans ce contexte, le Conseil national a accepté ce mardi une motion de sa Commission de la politique de sécurité, qui demande que le Conseil fédéral expulse «systématiquement de notre pays toutes les personnes étrangères qui, par des activités de renseignement interdites, mettent en danger la sécurité intérieure ou extérieure de la Suisse ou le rôle de la Suisse en tant qu’État hôte et qui ne peuvent pas être poursuivies pénalement».
Le titre de la motion mentionne tout particulièrement les espions russes, qui auraient augmenté depuis que Vladimir Poutine a lancé sa guerre contre l’Ukraine. Toutefois, la lutte contre l’espionnage se heurte au fait que les personnes concernées se mélangent au personnel diplomatique et «invoquent souvent l’immunité prévue par la convention de Vienne». Pour une majorité de la commission, le seul moyen de mettre fin à cette marotte de l’espionnage alpin (depuis James Bond en tout cas) consiste à expulser les personnes concernées, ce que le Conseil fédéral est donc invité à faire de manière «systématique» lorsqu’il a connaissance des cas.
Pour le rapporteur de la commission, Nicolas Walder (V/GE): «Les activités hostiles déployées par des agents de certains pays, dont la Russie, nuisent non seulement à la crédibilité de notre pays et à la défense de nos intérêts, mais affectent aussi la sécurité et la fiabilité de notre politique d’État hôte ainsi que la sécurité de nos habitantes et habitants».
Toujours au cas par cas
L’UDC et une partie du PLR étaient sceptiques quant à cette volonté d’expulsion. L’argument principal étant que nos propres diplomates allaient subir des mesures de rétorsion. La cheffe du Département de la défense, Viola Amherd, leur a rétorqué que le Conseil fédéral n’avait d’autres choix que d’approuver ce texte: «Imaginez que le Conseil fédéral recommande de rejeter cette motion. Ce serait une invitation aux espions pour s’installer encore davantage en Suisse…»
Viola Amherd a expliqué que cette motion allait s’inscrire dans la pratique actuelle, qui veut que le Conseil fédéral examine en profondeur chaque cas qui se présente. Devant l’insistance de Roland Büchel (UDC/SG), Viola Amherd a rappelé: «Le critère décisif est la menace pour la sécurité de la Suisse. () Je ne sais pas si l’on voudrait, à l’inverse, dire que nous voulons garder ici des personnes qui mènent des activités de renseignement illégales et mettent en danger la sécurité de notre pays… Cela personne ne le souhaite».