Audience suspendue au procès d’une alliée d'Alexeï Navalny

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RussieAudience suspendue au procès d’une alliée de Navalny

L’affaire de Ksenia Fadeïeva, accusée d’«extrémisme», a commencé à être examinée lundi par un tribunal, dans un contexte de répression sans précédent en Russie, mais l’audience a été rapidement suspendue.

Ksenia Fadeïeva, 31 ans, est accusée d’avoir créé une organisation extrémiste.

Ksenia Fadeïeva, 31 ans, est accusée d’avoir créé une organisation extrémiste.

AFP

Le procès d’une alliée de l’opposant russe Alexeï Navalny, accusée d’avoir «créé une organisation extrémiste», s’est ouvert lundi à Tomsk en Sibérie, mais l’audience a été rapidement suspendue. «Le tribunal Sovetski de Tomsk a commencé à examiner l’affaire de Ksenia Fadeïeva», a déclaré à l’AFP par téléphone la porte-parole de cette instance judiciaire Larissa Markina. Peu après son ouverture, l’audience lors de laquelle le parquet a lu l’acte d’accusation, a été suspendue jusqu’à mardi pour permettre à un nouvel avocat de Mme Fadeïeva de prendre connaissance de l’affaire, soit 90 volumes, selon des médias locaux.

Accusée d’avoir «créé une organisation extrémiste» et de «participation à une organisation portant atteinte aux droits des citoyens», Ksenia Fadeïeva, âgée de 31 ans, est une ancienne députée municipale qui a dirigé l’équipe de M. Navalny dans la ville de Tomsk. M. Navalny avait été empoisonné à Tomsk en 2020 lors d’une visite de soutien préélectorale à ses collaborateurs locaux. Gravement malade, il avait ensuite été transféré pour des soins en Allemagne puis arrêté et condamné à la prison à son retour en Russie. Mme Fadeïeva avait été élue en 2020 au Conseil municipal de Tomsk avec d’autres militants indépendants en Sibérie, un rare succès pour l’opposition russe à l’époque.

L’opposant russe Alexeï Navalny.

L’opposant russe Alexeï Navalny.

REUTERS

Groupe «extrémiste»

En 2021, les équipes de campagne de M. Navalny ont été déclarées «extrémistes» par les autorités, exposant les sympathisants et collaborateurs de l’opposant à des risques de poursuites pénales. Si nombre d’entre eux ont quitté la Russie, Ksenia Fadeïeva avait refusé de s’exiler et a été arrêtée en décembre 2021 pour avoir organisé un groupe «extrémiste». Le procès de Mme Fadeïeva intervient également après la condamnation d’Alexeï Navalny pour «extrémisme», ce qu’il a qualifié de tentative du Kremlin de priver les Russes de toute «volonté de résister» au 18e mois de l’offensive militaire en Ukraine. En juin, la responsable du quartier général de l’opposant dans la ville d’Oufa, dans le centre de la Russie, a écopé de sept ans et demi de prison pour «extrémisme». Lilia Tchanycheva, experte-comptable âgée de 41 ans, a été la première collaboratrice de M. Navalny à être jugée pour création d’une «organisation extrémiste». Elle avait abandonné son emploi pour rejoindre en 2017 le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) de M. Navalny, participant activement au mouvement de protestation contre la corruption dans sa région.

20’000 arrestations

Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, près de 20’000 Russes ont été arrêtés depuis le début du conflit en Ukraine pour avoir protesté contre la politique du Kremlin. Plus de 670 affaires pénales ont été lancées contre les dissidents, selon l’organisation. La quasi-totalité des opposants d’envergure est derrière les barreaux, tels que Vladimir Kara-Mourza et Ilia Iachine, ou en exil à l’étranger.

(AFP)

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