FootballLa bonne étoile de l’invincible Breitenrain
21, le compteur tourne. Le leader de Promotion League aurait dû perdre pour la première fois de la saison samedi à Bavois, mais un inimaginable retournement de situation l’a encore sauvé (1-1). Si la Challenge League l’intéresse? On n’en sait toujours rien…
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Gabriel Lado
Gabriel LadoTout aurait dû s’arrêter là. La colère au fond du ventre, de la terre et des bosses jusqu’aux genoux, la campagne nord-vaudoise comme dernier décor. Bavois avait été le plus malin, le plus rusé pour abuser de la confiance d’une arbitre qui a empilé les mauvaises décisions. Lorsque Adrian Alvarez s’est retrouvé la tête en sang après un choc, aucun sifflet n’a retenti pour assurer sa protection. Et tout s’est enchaîné, en pire. Permettant au maître du vice de régner sur la rencontre: Muamer Zeneli. Le latéral bavoisan s’est inventé deux coups francs à la suite avec un certain brio dans la comédie. Le premier pour un frisson. Le second pour celui qui devait rester le seul but du match (Elbasan Dzeljadini, 69e).
Cette fois, à vingt minutes du terme, Breitenrain ne devait pas trouver l’échappatoire. Pas cette fois. Avec ses 50 points en 20 matches, sans la moindre défaite, il avait déjà écrit l’histoire de la Promotion League. Sa fantastique série allait prendre fin. Dans le camp des perdants qu’ils découvriraient, les Bernois n’auraient que leur rage à faire valoir.
Robin Enrico a vu noir
Sauf que, plus que de transcender ses joueurs, la bonne étoile de Breitenrain sait aussi faire vriller l’adversaire. Même ceux chez qui les nerfs sont les plus solides habituellement. Robin Enrico est un gardien d’exception pour la troisième division nationale. Le Neuchâtelois sait tout faire, tout bien faire, et aurait sans doute mérité d’avoir sa chance en Challenge League depuis le temps qu’il réalise des prouesses. Les arrêts de jeu arrivent, il s’égare. Comme jamais sans doute auparavant. Il remporte un duel aérien, se retourne vers son opposant, le charge avec le torse. Carton rouge et… penalty, transformé (Miroslav Konopek, 94e). Improbable. Impensable. Bavois venait de tout perdre. «Breitsch» d’être touché une énième fois par la grâce.
Le groupe de Martin Lengen est un leader toujours plus étonnant. S’il était habité par le désir commun de rejoindre la Ligue nationale, on tiendrait le début d’une explication à son incroyable parcours, à son inflexible force de caractère. Mais même pas. Breitenrain n’a aucune certitude d’être accepté au niveau supérieur s’il conserve sa première place. Pas sûr de toute façon qu’il ait vraiment envie d’appartenir à ce giron-là et de quitter son stade, son âme. Et pourtant, il continue de s’arracher jusqu’à la dernière seconde de chaque match, quand bien même tout parle en sa défaveur.
La Challenge League, ou pas
«Peu importe ce qu’il se décide en coulisses, le titre est une motivation largement suffisante pour se faire mal jusqu’au bout. Enfin… si on y tient, on devra quand même montrer autre chose qu’aujourd’hui», glissait le milieu de terrain Fabiano Pereira. On saura bientôt si son équipe s’est positionnée pour obtenir une licence pour la Challenge League, et surtout si celle-ci à une chance d’aboutir.
Bavois, lui, devra parler de ce qu’il s’est passé durant ces dernières minutes irréelles. Mettre les choses à plat, ne pas laisser la frustration gangrener les esprits. Si se mêler à la lutte avec les meilleures équipes est toujours l’objectif de son printemps, il n’a pas le choix. Durant une heure et demie, il avait bâti ce à quoi il aspire. Tout n’a pas à s’effondrer pour deux points.