Cinéma«Le conte de fées nous aide à affronter la vie»
Alors que la firme de l’Oncle Walt fête son centenaire, «Wish – Asha et la bonne étoile» célèbre le pouvoir des contes de fées, dès le 29 novembre en salle. Entretien avec sa coscénariste et présidente des studios d’animation Disney, Jennifer Lee.
- par
- Miguel Cid, Londres
Avec «Wish – Asha et la bonne étoile», au cinéma le 29 novembre, Disney se plie en quatre pour attirer petits et grands dans les salles obscures tout en célébrant son centenaire. Chapeauté par les créateurs de «La reine des Neiges», ce conte de fées musical haut en couleur contient moult ingrédients qui ont fait le succès des films d’animation de l’Oncle Walt.
Direction le royaume médiéval de Rosas, où la jeune Asha rêve de devenir l’apprentie du roi. Magnifico est aussi un magicien qui a le pouvoir d’exaucer les vœux de ses sujets. Quand l’adolescente découvre que le souverain trompe son peuple, elle confie un vœu si puissant à une étoile qu’elle va bouleverser l’ordre des choses. Notre héroïne est accompagnée dans ses aventures par Valentino – une chèvre en pyjama qui vole la vedette à tout le monde – et la fameuse étoile, Star.
Coscénariste du film et présidente des studios d’animation Disney, Jennifer Lee – qui avait scénarisé et réalisé «La reine des Neiges» avec Chris Buck – a répondu à nos questions à Londres.
Que vous a appris le succès de «La reine des Neiges» ?
Qu’il a été le fruit d’un immense travail collectif réalisé avec beaucoup de sincérité. Nous nous sommes dit que si nous connaissions la raison de ce succès, on échouerait la prochaine fois. Il faut rester humble et ne pas se reposer sur ses lauriers. Je supervise actuellement quatorze projets et aucun membre des équipes ne prend de raccourci. On s’encourage tous à bosser dur parce que sinon on ne réalise pas son potentiel.
On retrouve dans «Wish» une héroïne forte, un acolyte adorable, de la magie, des chansons…
Je dirais qu’on y retrouve des hommages à nombreux de nos films. Ce que j’ai appris avec «La reine des Neiges», c’est ce qui a trait au conte de fées. Ce héros ordinaire qui doit généralement affronter des situations extraordinaires et souvent des éléments magiques. Rien ne rend plus humble que d’essayer de maîtriser son destin alors que la magie s’en mêle et qu’on ne peut rien y faire. Le conte de fées existe pour nous aider à affronter la vie, pour nous donner une idée de ce qui est possible dans l’existence. C’était pour nous la base de «Wish». Nous nous sommes inspirés de tous les contes de fées que Walt a jugés dignes de raconter en dessin animé. Il s’agit donc d’une histoire complètement originale mais qui souligne le pouvoir des contes de fées.
Deviez-vous nécessairement trouver une histoire qui puisse célébrer le centenaire de Disney?
Dès le départ, Chris Buck et moi en avons parlé mais sans présumer que c’était possible. Quand on a trouvé le concept du pouvoir d’un vœu et de l’importance de le mettre en œuvre soi-même, cela est devenu notre guide. Et à partir de là, le film s’est mis en place. Nous étions tous très inspirés et savions que quelque chose de spécial était en train de se produire et que nous allions l’écrire.
Lorsqu’il est question d’hommages, faut-il veiller à ne pas forcer la dose?
Au début, on a essayé quelques gros trucs, comme le look du film et deux ou trois autres choses et puis on a laissé tomber ce concept. Et nous avons juste écrit l’histoire. À partir de là, des occasions de rendre hommage à d’autres films se sont présentées. Nous nous sommes dit que si cela nous faisait sortir de l’histoire – c’est-à-dire à penser à ce clin d’œil et ne plus être dans notre film – cela n’en valait pas la peine. Mais si cela ajoutait quelque chose et nous ravissait, on le garderait. On souhaitait avant tout que ce film soit fun.
Qui a inspiré Magnifico?
(Elle rit.) L’idée d’avoir un méchant classique nous a emballés mais nous avons parlé longuement du fait que nous n’en avions plus créé depuis longtemps et en quoi il serait différent aujourd’hui. Plus on explorait l’histoire, plus nous voulions comprendre ses motivations. C’est quelqu’un dont les souhaits et rêves n’ont pas pu se réaliser quand il était jeune. Idem pour Asha. Nous avons donné au méchant et à l’héroïne une enfance semblable, même si différente. On les voit ensuite partir dans des directions opposées et faire des choix qui les amènent où ils se retrouvent aujourd’hui. Nous voulions rendre Magnifico suffisamment unique pour que le personnage ne représente personne de réel en particulier. Ce qui nous a excités, c’est l’idée que deux personnes puissent faire des choix différents alors qu’elles partagent une expérience commune.
Selon vous, «Wish» restera longtemps dans les salles avant d’être diffusé sur Disney+…
Pendant le Covid, on a vraiment apprécié de pouvoir montrer nos films au monde entier sur la plateforme. Mais notre souci, c’est que les gens se disent qu’ils vont attendre de voir nos films sur Disney+. Ils sont conçus pour être vus sur grand écran. J’espère que le public viendra voir «Wish» au cinéma parce que nous l’avons réalisé en CinémaScope.
Certains politiciens américains s’en prennent à Disney, à qui ils reprochent son «wokisme» dans la guerre culturelle qui fait rage outre-Atlantique. Est-ce que cela vous rend d’autant plus déterminée à promouvoir la diversité à l’écran?
Je pense que nous sommes tous engagés à représenter ce que Disney a toujours été: un sentiment d’appartenance. Un endroit où l’on peut se voir reflété à l’écran qui que l’on soit. Je veux m’assurer que nous procurons ça. Et nous ne pouvons pas avoir peur de le faire. Il est question de joie et d’amour chez Disney, pas de politique. J’ai grandi dans ce monde incroyable plein de diversité et chacun mérite d’être vu et de savoir que nous sommes tous connectés. Nous faisons tous partie de Disney ensemble. Cela est très simple et n’a rien à voir avec la politique ou une guerre culturelle.