DécouverteL’EPFL invente un filtre solaire pour rendre l’eau potable
Les chercheurs ont mis au point un procédé efficace et économique qui pourrait être déployé à grande échelle et permettre l’accès à l’eau potable même dans les endroits les plus reculés.
- par
- Michel Pralong
Aujourd’hui, 1800 enfants meurent chaque jour de diarrhée parce qu’ils ont bu de l’eau insalubre. 1,8 milliard de personnes consomment une eau contaminée par des excréments et, d’ici 2040, la majeure partie du monde sera confrontée à des ressources insuffisantes en eau potable. Trouver des moyens efficaces et économiques pour décontaminer les eaux souillées est donc un enjeu majeur.
Une équipe de l’EPFL dirigée par László Forro vient de dévoiler le prototype d’un filtre qui fonctionne à l’énergie solaire. Sur un cadre, les scientifiques ont créé un filtre en nanofils de dioxyde de titane (TiO2). À eux seuls, ils peuvent déjà purifier l’eau en présence de lumière solaire. Mais l’équipe les a en plus entrelacés avec des nanotubes de carbone, ce qui ajoute une couche supplémentaire de décontamination par pasteurisation, éliminant les pathogènes humains tels que les bactéries et les grands virus.
Testé avec la bactérie E. coli
Le fonctionnement de ce système est le suivant: lorsque la lumière solaire frappe le filtre, son matériau libère des molécules qui sont des dérivés réactifs de l’oxygène, connus pour éliminer les agents pathogènes. L’EPFL a testé ce prototype avec la bactérie E. coli et a démontré sa «capacité exceptionnelle» à éliminer tous les agents pathogènes de l’eau. Il devrait fonctionner tout aussi bien avec les bactéries provoquant la diarrhée ainsi qu’avec les organismes à l’origine de l’hépatite A ou encore de la maladie du légionnaire. Les chercheurs estiment que leur filtre est également prometteur pour éliminer de l’eau les pesticides, les résidus médicamenteux et les produits cosmétiques.
«Notre prototype peut permettre d’avoir un accès à l’eau potable dans les endroits peu peuplés et même reculés, et pourrait être facilement déployé à grande échelle», explique László Forro. Présenté dans la revue «npj Clean Water», le dispositif testé a une surface de 0,3 m², ce qui permet de fournir 2 litres d’eau par jour d’eau décontaminée. Il est facile d’augmenter sa surface et donc la quantité d’eau potable produite. «Le grand avantage de ce dispositif est qu’il est économique, thermiquement stable et chimiquement inerte». Des améliorations sont en outre possibles pour encore accroître l’efficacité du filtre.
Endre Horváth, scientifique principal du projet, se dit «convaincu que cela créera un suivi solide dans les communautés scientifiques pluridisciplinaires et, espérons-le, dans les agences de financement», ce qui permettrait le développement et la production à grande échelle de ce filtre.