NeuchâtelLe pistolet sur la tempe? C’était un ressenti!
Un voisin arraisonné pendant une prise d’otage a critiqué l’intervention musclée de la police, mais dans l’émotion, il a forcé le trait.


Pendant la prise d’otages, Robert n’a pas pu rentrer facilement chez lui.
Lematin.ch/Vincent DonzéLundi dernier, quatre jours après une prise d’otages dans une fabrique de polissage du Locle, la police neuchâteloise avait à nouveau affaire à la rue de la Jaluse. Pas à l’usine, mais dans l’immeuble d’en face, là où habite Robert, qui témoignait vendredi dernier dans le matin.ch.
«Un policier a posé son pistolet sur ma tempe», nous affirmait, à propos du jour de la prise d’otages, ce riverain arraisonné à deux reprises alors qu’il se rendait chez lui accompagné d’une amie, d’abord à bord d’une voiture immatriculée en France, puis à pied, avec son physique de déménageur. Après avoir présenté son passeport suisse, Robert a été autorisé à rentrer dans son immeuble par une porte arrière.
Enquête interne
Une enquête interne a été instruite au sein de la police cantonale neuchâteloise, qui disculpe les agents d’intervention. «Un pistolet sur la tempe, c’est impensable de la part d’un policier et contraire à toutes nos règles», indique le commissaire adjoint Georges-André Lozouet, porte-parole de la police cantonale neuchâteloise.
À trois mètres
Confronté au récit des policiers, Robert revient sur son témoignage: «J’ai forcé le trait en disant qu’un pistolet était posé sur ma tempe. C’était un ressenti: les deux policiers qui m’ont mis en joue étaient à trois mètres». En pleurs après le face-à-face avec les agents, l’amie de Robert a confirmé sa version par téléphone, lorsque la police a appelé Robert.
Ce témoin apparaîtra prochainement dans l’émission «Mise au point» de la RTS. Le récit de Robert témoigne de l’important dispositif déployé avec raison contre des bandits qui ont menacé un employé, sa compagne et deux collègues. La fermeté s’expliquait par le profil des gangsters cagoulés et armés, des hommes «capables d’utiliser leurs armes sans aucun problème au contact de la police», selon Georges-André Lozouet.
Tension maximale
Albanais du Kosovo, un pays qu’il a connu en guerre, Robert n’avait pas pleinement conscience de la gravité de la situation, à l’échelle neuchâteloise. Le niveau de tension était maximal, du jamais-vu au Locle. «Face à des gangsters prompts à leur tirer dessus, nos policiers prennent les précautions enseignées afin de ne laisser aucune chance aux criminels d’ouvrir le feu», résume Georges-André Lozouet. Tenir un suspect en joue faisait partie de leur attribution.
Le commissaire adjoint insiste sur la dangerosité des bandits: «Ce ne sont pas des enfants de chœur, on parle de grand banditisme». Les auteurs ont pris en otage un employé et sa compagne, à leur domicile chaux-de-fonnier, puis deux employés qui terminaient des travaux journaliers.
Car-jacking
Mis en fuite sans butin, ils se sont emparés d’une BMW blanche par un car-jacking ultra-violent qui laisse une automobiliste traumatisée. Pendant la fuite des gangsters, l’opération de police menée dans le quartier de la Jaluse a permis d’accéder à l’endroit où les otages se trouvaient dans l’usine.
Les fuyards ont été arrêtés à Pontarlier (F), grâce à la collaboration des gendarmeries neuchâteloise et française. Âgés de 35 et 46 ans, ces gangsters ont un lourd passé. Le plus âgé est sorti de prison en 2020 dans la Loire après une condamnation à 25 ans de réclusion criminelle pour assassinat. Un passif qui d’un point de vue policier justifie pleinement le traitement réservé à Robert.