Nucléaire iranienLes pourparlers entre l’UE et l’Iran se poursuivront à Bruxelles
Les pourparlers sur le nucléaire iranien ont débuté entre le négociateur européen et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères.
L’Iran a annoncé jeudi avoir décidé avec l’Union européenne de poursuivre à Bruxelles «dans les jours à venir» leurs discussions pour tenter de relancer les négociations sur le nucléaire interrompues depuis juin.
Le négociateur de l’UE chargé du dossier Enrique Mora a rencontré jeudi à Téhéran pendant plusieurs heures le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Ali Bagheri, au moment où les Occidentaux perdent patience devant le refus de l’Iran de fixer une date pour la reprise des négociations afin de sauver l’accord international sur son programme nucléaire.
M. Mora a expliqué lors de la rencontre de jeudi que l’UE «était prête à collaborer avec l’Iran et les autres parties en vue de poursuivre les négociations pour atteindre un résultat accepté par toutes les parties», a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué. «Les deux parties ont convenu de continuer les pourparlers sur les questions d’intérêts mutuels dans les jours à venir à Bruxelles», a-t-il ajouté.
Tandis que M. Mora était à Téhéran, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell était lui à Washington pour rencontrer son homologue américain. Selon le porte-parole de M. Borrell, l’UE va convoquer une réunion des négociateurs de l’accord dès que toutes les parties seront d’accord, et attend les réponses de Washington et de Téhéran à ce sujet.
Mercredi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a regretté «le manque de volonté» iranienne pour «dialoguer» et a fait planer la menace militaire, affirmant que son pays était «prêt à se tourner vers d’autres options» si la diplomatie échouait.
«Aboutir à des résultats tangibles»
Conclu en 2015, l’accord sur le nucléaire iranien offrait à l’Iran la levée d’une partie des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous le strict contrôle de l’ONU.
Mais après le retrait unilatéral des Américains de l’accord trois ans plus tard et le rétablissement de sanctions, Téhéran s’est progressivement affranchi de la plupart de ses engagements. «Pour l’Iran, il s’agit d’aboutir à des résultats tangibles. Il faut parvenir à un accord concret, mais il y a des doutes sérieux sur la volonté des Américains de tenir leurs engagements», a indiqué le communiqué iranien.
Les négociations débutées en avril à Vienne – et auxquelles participent indirectement les États-Unis – pour sauver l’accord en y réintégrant les Américains sont suspendues depuis juin et l’élection du nouveau président iranien Ebrahim Raïssi.
Trouver «une solution diplomatique»
Arrivés au pouvoir en Iran, les ultraconservateurs sont peu enclins aux concessions et souhaitent que les pays européens garantissent le respect du pacte.
Le président américain Joe Biden s’est dit lui prêt à revenir dans l’accord, à condition que l’Iran renoue avec ses engagements. Mais États-Unis et surtout Israël sont convaincus que Téhéran joue la montre pour avancer le plus loin possible dans son programme nucléaire. Téhéran a toujours démenti de son côté vouloir se doter de l’arme atomique.
«Une solution diplomatique est la meilleure manière» d’éviter que la République islamique devienne une puissance nucléaire, a déclaré mercredi M. Blinken lors d’une conférence de presse avec son homologue israélien Yaïr Lapid à Washington. Mais jugeant peu «encourageants» les signaux émanant de Téhéran, il a prévenu que son pays était prêt à se «tourner vers d’autres options».
«D’autres options»
«En disant «d’autres options», je pense que tout le monde comprend», a lancé, à ses côtés, M. Lapid dans une allusion claire à l’option militaire.
L’Iran a averti Israël de ne pas tenter d’«aventure militaire» contre son «programme nucléaire», dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l’ONU et publiée jeudi par l’agence de presse Tasnim.
De son côté, l’émissaire américain pour l’Iran, Rob Malley, a annoncé qu’il se rendrait en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar pour évoquer notamment les «options» pour «contrôler le programme nucléaire iranien» si les négociations n’aboutissent pas, estimant qu’il y avait «au moins une forte possibilité que l’Iran choisisse une autre voie» que la diplomatie.