Trail runningIl abandonne une course de 360 kilomètres pour en gagner une autre
Malmené sur le parcours des 360 kilomètres du Swiss Peaks Trail, Robin Fournier a préféré rendre son dossard. Puis il s’est aligné sur la course de 170 kilomètres et l’a remportée.
- par
- Rebecca Garcia
L’histoire aurait pu être un récit somme toute banal. Un coureur qui abandonne une course d’ultratrail n’a rien de honteux, ni de réellement singulier. Mais la particularité de Robin Fournier est qu’il a décidé de s’aligner quelques jours plus tard sur un autre parcours du même organisateur.
Sa tentative de briller sur les 360 kilomètres a échoué? Qu’importe, il a ensuite tenté sa chance sur une distance plus réduite. Cela représente tout de même 170 kilomètres à encaisser dans les jambes. Et il a gagné.
Un échec tourné en victoire
Ce goût pour les très longues courses ne date pas d’hier. Il avait participé à La Petite Trotte à Léon (PTL) de l’UTMB une année plus tôt, mais il y avait rencontré quelques soucis. Ses muscles ont protesté, son estomac aussi, si bien que les sensations n’étaient pas si bonnes à la fin. Une revanche à prendre. «Je voulais refaire une course de 300 kilomètres», explique-t-il.
Tous les voyants étaient au vert: il a aligné les bons résultats depuis le début de la saison, il se sent bien et s’est préparé. Il était prêt à prendre le départ des 360 km du Swiss Peaks Trail le 3 septembre dernier. Mais une fois arrivé du côté de Fiesch, après une cinquantaine de kilomètres, il s’est rendu à l’évidence: il devait abandonner. Sinon, il s’obligerait à avancer tout seul pendant huit heures dans un environnement hostile. «Les courses sont souvent très difficiles mais on y trouve un peu de plaisir. Là, ce n’était que de la destruction.»
Marcher? Impossible
Robin Fournier a parcouru assez de distance et de dénivelé pour s’endolorir les jambes. Les crampes l’ont gagné, l’empêchant de marcher pendant deux jours. Il a pu prendre un rendez-vous chez son physiothérapeute. «Mercredi matin, je cogitais. Et je me suis dit que c’était dommage d’avoir investi autant de temps pour rien.»
Le Valaisan est ensuite allé courir. «Je ne me sentais pas au top mais cela allait. Surtout en sachant que je ne pouvais pas marcher la veille», rigole-t-il. L’idée de s’inscrire à la course de 170 kilomètres du Swiss Peaks Trail lui vient alors en tête. «Les organisateurs m’ont dit que j’étais un peu fou, mais qu’ils me mettaient un dossard de côté.» Le départ de la course est donné le lendemain, soit le jeudi 7 septembre à 8h00 du matin.
Cette fois-ci, le jeune sportif de 28 ans sait ce qu’il attend. Annoncé comme un des potentiels vainqueurs du 360 km, il s’est quelque peu laissé envahir par la pression. L’envie de bien faire s’est traduite par un départ trop rapide. La stratégie se révèle dangereuse en cas de canicule. À son second essai, il avait ajusté tous les détails. Avec tant de précision qu’il s’est envolé vers la victoire.
Après ce succès, Robin Fournier pense déjà à la suite. Il souhaite dompter ce format de 300 kilomètres. «J’ai plusieurs idées en tête, mais je ne souhaite pas en planifier plus d’une par saison», admet-il.