Commentaire: La «Journée du genre» et les semeurs de haine

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CommentaireLa «Journée du genre» et les semeurs de haine

L’annulation d’une «Journée du genre» dans une école secondaire du canton de Zurich illustre à quel point certains UDC revendiquent une forme d’obscurantisme.

Eric Felley
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Eric Felley
Andreas Glarner, conseiller national UDC d’Argovie, n’en est pas à son coup d’essai.

Andreas Glarner, conseiller national UDC d’Argovie, n’en est pas à son coup d’essai.

20 minutes/Simon Gauser

Le 15 mai dernier devait se dérouler à l’école secondaire de Stäfa, dans le canton de Zurich, une «Journée du genre» consacrée à des thèmes liés à la famille, à la sexualité et autres interrogations que se posent les jeunes. Le 9 mai, le conseiller national Andras Glarner (UDC/AG) a posté un message sur Twitter avec une copie de l’invitation. L’élu a estimé que la direction de l’école devait démissionner pour avoir organisé cette journée. S’en est ensuivi un torrent d’insultes sur cet établissement, qui a finalement renoncé.

Andreas Glarner est un habitué des coups médiatiques. En 2018, il avait distribué 2000 cervelas à des enfants parce qu’on n’en trouverait bientôt plus en Suisse, à cause de l’islam. En 2019, il s’en était pris à une enseignante zurichoise qui avait donné un jour de congé à des élèves musulmans, à l’occasion d’une fête religieuse. En 2020, il avait relevé les prénoms des apprentis de chez Lidl qui avait une consonance étrangère. À chaque fois, il cherche la lumière en visant des minorités. Cette fois, ce ne sont pas des migrants, mais des adolescents qui en font les frais.

Qui se ressemble, s’assemble

En cette année électorale, l’UDC a déclaré la guerre au «wokisme», auquel elle associe la question du genre, une invention perfide visant à saper l’autorité patriarcale. Dimanche, le président de la commune de Stäfa, Christian Haltner (PLR), a dénoncé cette «incitation à la haine». Le tweet de Glarner a mobilisé les trolls à l’affût et provoqué un torrent d’insultes sur les responsables de l’établissement. Le nom et le numéro de téléphone de l’assistante sociale figuraient sur l’invitation: elle a reçu de nombreux messages et des photos dégradantes. Un intervenant a même menacé d’«égorger» quelqu’un de l’école.

La direction a finalement renoncé sur les conseils de la police, car des menaces visaient les élèves eux-mêmes sur le chemin de l’école. Bref, tout cela n’est pas très glorieux. C’est surtout triste de voir ce politicien prendre en otage les adolescents de toute une école parce que lui-même s’interdit de réfléchir à un phénomène sociétal qui le dépasse. Vouloir stigmatiser toute discussion sur le sujet du genre à l’école relève d’une forme d’obscurantisme qui en rappelle d’autres. Qui se ressemble, s’assemble finalement.

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