Web  – Les réseaux sociaux «nous isolent» au lieu de nous rassembler

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WebLes réseaux sociaux «nous isolent» au lieu de nous rassembler

L’ambassadeur français pour le numérique dénonce les effets délétères des réseaux sociaux et appelle l’ONU à se saisir du problème.

L’impact des réseaux sociaux est pointé du doigt par l’ambassadeur français pour le numérique.

L’impact des réseaux sociaux est pointé du doigt par l’ambassadeur français pour le numérique. 

20min/Taddeo Cerletti

«Le gros problème des réseaux sociaux, c’est qu’on finit par se retrouver dans des bulles: on nous présente surtout des gens qui nous ressemblent, des informations qui nous plaisent, des publicités conçues pour les gens qui nous ressemblent... Tout cela nous isole», déplore Henri Verdier, l’ambassadeur français pour le numérique, dans un entretien à l’AFP. Selon lui, les réseaux sociaux «nous isolent» au lieu de rassembler.

Face à une «tribalisation de la société», où les groupes «s’ignorent et se méprisent», il plaide pour une réaction vigoureuse de la puissance publique. À partir du moment où les réseaux sociaux «captent 80% de notre temps en ligne, où ils sont le principal accès à l’information» pour beaucoup de gens dans le monde, «on ne peut plus les considérer seulement comme des entreprises» privées, explique-t-il. Selon lui, «la démocratie a été conçue comme un espace de controverses qui se résolvent par des décisions collectives.»

Réglementation de l'UE

Deux grands textes européens de régulation d’Internet en cours de discussion à Bruxelles, le DSA et le DMA, constituent un pas important, juge-t-il. Le premier va permettre d’imposer «un cadre de responsabilité» aux grands réseaux sociaux en les obligeant à identifier les «risques systémiques» (manipulations intentionnelles de l’information par exemple) qu’ils entraînent pour la société, et à «rendre compte» des efforts qu’ils font pour limiter ces risques (comme le recours à la modération).

Le DMA, de son côté, doit permettre de «se doter d’outils pour lutter contre les monopoles», en permettant aux autorités de la concurrence d’empêcher une plateforme de racheter une entreprise concurrente «avant que l’abus de position dominante ne soit constitué», détaille Henri Verdier. 

Appel à l'ONU

Mais il faut aller plus loin, estime-t-il, en suggérant le lancement d’une «conférence des parties» («COP») à l’ONU, semblable à celle lancée sur le climat. Elle se pencherait sur la gouvernance de cet «espace public de débat» que constituent désormais les réseaux sociaux et les grandes plateformes.

«On est en train de parler de quelque chose qui concerne la recherche, les médias, la politique, les pays émergents, les pays riches, les pays dont l’État est balbutiant», et qui «est en train de tisser les relations humaines sur toute la planète», de «devenir la matrice de nos échanges», fait valoir Henri Verdier, qui vient de publier «Le business de la haine», coécrit avec le spécialiste des médias, Jean-Louis Missika.

«On ne dit pas qu’il faut donner les clefs des réseaux sociaux à l’ONU», mais «il faudrait que l’agora principale de ces échanges soit là. Il n’y a que l’ONU qui peut rassembler toutes les parties prenantes avec la légitimité requise.»

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(AFP)

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