FootballServette – Lausanne: les anciens se souviennent
Ils sont plusieurs à avoir porté le maillot de Servette et celui du Lausanne-Sport dans leur carrière. Parmi eux, Alexandre Comisetti, Christophe Ohrel, Jocelyn Roux et Léonard Thurre. Leur avis avant le derby de samedi (20 h 30).
- par
- Renaud Tschoumy
Le premier derby lémanique de la saison, c’est pour samedi soir: Servette recevra en effet Lausanne sur le coup de 20 h 30. Pour évoquer cette confrontation entre deux équipes aux trajectoires radicalement différentes depuis le début de la compétition, on a pris langue avec quatre des nombreux joueurs à avoir porté les maillots des deux clubs au cours de leur carrière. On évoque avec eux leurs meilleurs souvenirs, d’un côté comme de l’autre, et aussi le match de samedi.
Alexandre Comisetti
Son meilleur souvenir à Lausanne: «Le vrai bon moment dont je me souvienne, c’est celui de mes débuts en équipe première, en 1991. C’était l’époque du président Bezzola et c’est Bertine Barberis qui entraînait la première équipe. J’avais 17-18 ans et j’appartenais à une équipe qui jouait pour le titre. C’était l’émergence du nouveau LS, la Pontaise était souvent pleine ou presque, bref: c’était juste fantastique.»
Son meilleur souvenir à Servette: «Ma période servettienne m’a laissé un souvenir mitigé. J’avais bien commencé la saison, et l’équipe qui était alors entraînée par Lucien Favre avait réussi une belle aventure en Coupe de l’UEFA (éliminations successives de Slavia Prague, Real Saragosse et Hertha Berlin). Mais une fracture du cartilage du genou m’a laissé sur le flanc pendant un bon moment. Après coup, je n’ai jamais vraiment retrouvé mon meilleur niveau. Il reste le bonheur d’avoir connu les Charmilles et d’avoir vécu l’épopée européenne de l’intérieur, à défaut d’avoir pu le faire sur le terrain.»
Son avis avant le derby de samedi: «Même si j’ai porté les maillots des deux clubs, le LS reste le club de ma région et je souhaite qu’il réussisse à sortir la tête de l’eau. En fait, il faudrait que Lausanne réussisse aussi vite que possible à ressembler à Servette. Car ce Servette-là joue bien et fait preuve de constance, aussi bien dans le contingent que dans les résultats.»
Christophe Ohrel
Son meilleur souvenir à Lausanne: «C’est mon tout premier but en LNA, au printemps 1988. Avec Lausanne, on avait tenu Servette en échec 2-2 à la Pontaise, et j’avais égalisé à 2-2. En plus, j’avais marqué de la tête, ce qui, comme tout le monde s’en souvient, était ma spécialité… (Il éclate de rire) Mais il se trouve que c’est un certain Giancarlo Antognoni qui avait centré. Avec lui, il suffisait d’être à la bonne place et il nous déposait le ballon exactement où il le fallait. Je n’ai donc plus eu qu’à toucher le ballon de la tête pour marquer.»
Son meilleur souvenir à Servette: «C’est incontestablement le titre que nous avons décroché en 1994, en allant nous imposer 4-1 au Wankdorf contre Young Boys, lors de la dernière journée. Après le coup de sifflet final, on avait encore dû attendre la fin du match Aarau – Grasshopper pour fêter le titre: si GC s’imposait, il était champion. Mais il n’a pu faire que match nul (1-1). On a donc été sacrés champions avec 1 point d’avance. Un moment très intense.»
Son avis avant le derby de samedi: «Servette est incontestablement favori sur la base du début de saison. Le LS, lui, doit réagir. On ne peut pas dire éternellement que le championnat est encore long! Et en général, les équipes mal classées en début de championnat sont rarement devant à la fin… Sincèrement, je me fais du souci pour Lausanne, qui a besoin d’une victoire pour se relancer, que ce soit contre Servette ou contre n’importe qui.»
Jocelyn Roux
Son meilleur souvenir à Lausanne: «C’est le derby de septembre 2010 à La Praille. Les deux équipes jouaient le haut du tableau de Challenge League, il y avait 15’000 spectateurs, et même s’il y avait eu des débordements regrettables après le match, je garde un grand souvenir de cette soirée, ce d’autant plus que j’avais inscrit les deux buts du LS. On avait vécu une saison formidable puisqu’on avait réussi à faire la différence en fin de saison pour décrocher notre promotion en Super League.»
Son meilleur souvenir à Servette: «C’est encore un derby, mais cette fois j’avais le maillot grenat sur les épaules. C’était en août 2014, à nouveau en Challenge League et à nouveau à La Praille. On perdait 0-1, Doumbia avait égalisé, avant de bénéficier d’un penalty à la 91e minute. Mais il l’avait raté. Et c’est moi qui avais réussi à inscrire le but de la victoire à la 93e minute. Émotionnellement, c’était fort.»
Son avis avant le derby de samedi: «Le résultat de ce derby sera plus important pour Lausanne que pour Servette. En ce moment, Servette a incontestablement plus de certitudes que le LS. Le groupe se connaît, et le SFC a réussi à accrocher le bon wagon. Il voudra continuer à menacer les gros du championnat le plus longtemps possible. Quant au LS, il doit absolument sortir de son marasme après son début de compétition difficile.»
Léonard Thurre
Son meilleur souvenir à Lausanne: «Je ne vais pas sortir un souvenir en particulier, je parlerai plutôt du contexte incroyable dans lequel j’ai évolué pendant mes premières années de joueur pro. Il y a bien sûr eu les deux victoires en Coupe (1998 et 1999), très fortes humainement. C’était en quelque sorte l’accomplissement de deux épopées riches en partages. J’ai le souvenir d’une équipe qui vivait bien ensemble, avec des coéquipiers comme Hottiger, Ohrel ou Rehn. Ce fut une merveilleuse période de vie.»
Son meilleur souvenir à Servette: «Ce passage à Servette, c’était un changement de statut. Je quittais ma région d’origine, je m’exportais pour la première fois. J’ai passé à Servette cinq années émotionnellement extraordinaires, pour des raisons très contrastées aussi: c’est durant ma période genevoise que j’ai subi mes deux graves blessures.»
Son avis avant le derby de samedi: «Les deux équipes ne sont pas dans la même dynamique. L’ossature de Servette a peu changé ces dernières années, et les automatismes acquis permettent de faire la différence, au contraire de Lausanne, dont le contingent a été passablement remanié. Aborder ce derby sera plus compliqué pour le LS que pour Servette, mais c’est aussi dans ces circonstances qu’il faut savoir se faire mal pour aller chercher un résultat.»