TennisWimbledon, un lieu comme aucun autre pour Federer
De tous les tournois remportés par Roger Federer, Wimbledon sera à jamais le plus spécial. C’est là que le Bâlois a écrit les plus belles pages de sa légende.
Roger Federer a enchanté les courts du monde entier pendant deux décennies, mais ses aventures à Wimbledon, le temple du tennis où il s’est imposé huit fois, auraient à elles seules suffi à en faire une légende de son sport.
Formé sur des courts en terre battue dans son pays, Federer a découvert le All England Club en 1998 chez les juniors. Le succès a été immédiat: victoire en simple et en double. «Dès le début j’ai su que j’allais bien jouer ici. C’est ici que je suis le meilleur. Je ne sais pas pourquoi», dira-t-il bien plus tard.
En réalité, la surface convenait parfaitement à son jeu, en particulier à ses services extraordinairement précis, travaillés et variés qui glissaient sur l’herbe plus que sur les autres surfaces. En finale contre Roddick en 2009 (16-14 au cinquième set), il réussit pas moins de 50 aces. Le gazon sublimait aussi son revers slicé et ses fulgurances en coup droit.
Federer a quand même tâtonné pour trouver la bonne tactique. Après le «chip and charge» (ruée vers le filet) qui lui permit de réussir le premier coup d’éclat de sa carrière, une victoire sur Pete Sampras, alors quadruple tenant du titre, en huitièmes de finale en 2001, il opta pour un mélange bien mieux dosé de jeu de fond de court et de montées à la volée.
Injouable pendant quatre ans
C’est ainsi qu’il remporta son premier titre majeur, en 2003, en battant en finale l’Australien Mark Philippoussis. Le plus gros obstacle avait été franchi en demie: l’Américain Andy Roddick, alors tête de série No 1, qui allait devenir une de ses victimes préférées (il le battra trois fois en finale). À la suite de cette première victoire, «RF» a triomphé lors des quatre Wimbledon suivants.
L’atmosphère très chic de «Church Road» lui allait aussi à merveille. Si d’autres champions, comme Andre Agassi, enrageaient de devoir jouer tout en blanc, lui ne s’est jamais plaint du fameux «dress code» qui correspondait à son élégance discrète. Le public anglais lui rendit bien son amour, sauf peut-être lorsqu’il battit Andy Murray en finale en 2012.
Mais paradoxalement, son match le plus inoubliable restera une défaite: la fameuse finale de 2008 contre Nadal, souvent considérée comme le plus grand match de l’histoire avec le Borg-McEnroe de 1980.
Le «désastre» de 2008
Pendant quatre ans, de 2003 à 2006, le champion helvète avait été injouable à Londres. Mais en 2007, le jeune Nadal, encore trop tendre l’année précédente en finale, avait placé une première banderille en poussant le maître des lieux dans un cinquième set. L’année suivante, la troisième finale Federer-Nadal consécutive allait être la bonne pour le Majorquin… et la pire journée de la carrière de son grand rival (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7).
Après cinq manches d’un tennis éblouissant des deux côtés, le Suisse mettait un dernier coup droit dans le filet qui le précipitait dans «le désastre», selon sa propre expression. «C’est de loin ma plus dure défaite. Il n’y a pas de comparaison possible. À Paris, ce n’était rien», dit-il, alors qu’il avait été écrasé par le même rival en finale de Roland-Garros un mois plus tôt.
C’est que le Bâlois a toujours placé Wimbledon au-dessus de tout. «Tant que je gagne à Wimbledon et que je suis numéro mondial tout va bien», disait-il quand Nadal lui infligeait défaite sur défaite à Roland-Garros (de 2005 à 2008).
Il ne lui fallut qu’un an pour remonter au sommet, et plus haut que jamais. En 2009, dans la foulée de sa victoire si longtemps attendue à Paris, il battit le record des titres du Grand Chelem de Sampras avec un quinzième trophée, son sixième à Londres. Il le détiendra pendant onze ans en continuant à faire grimper son total jusqu’à 20, jusqu’à ce que Nadal (en 2020) puis Djokovic (en 2021) ne le rejoignent puis le dépassent.
La suite
Deux autres triomphes suivront à Wimbledon: en 2012 quand il égala le record des sept victoires de Sampras et en 2017 quand il l’améliora, au cœur de sa «deuxième jeunesse», à près de 36 ans. En 2019, Federer s’inclinera en finale contre Novak Djokovic, en cinq manches. Une défaite déchirante puisque le Suisse avait disposé de deux balles de match.
Le sort a pourtant réservé à l’immense champion une sortie cruelle: un 6-0 infligé par le Polonais Hurkacz pour conclure une défaite en trois sets en quarts de finale de l’édition 2021. Ce qui, mais personne ne le savait à l’époque, restera comme son dernier match.