FranceNouvelle demande de révision dans la célèbre affaire «Omar m’a tuer»
Omar Raddad réclame d’être innocenté du meurtre de son ancienne patronne, une riche veuve poignardée à mort en 1991 sur la Côte d’Azur. La justice lui donnera sa décision le 16 décembre.
L’affaire «Omar m’a tuer» va-t-elle enfin connaître son dénouement? Plus de 30 ans après le meurtre d’une riche veuve sur la Côte d’Azur, la justice a examiné jeudi à huis clos une nouvelle requête en révision du procès du Marocain condamné pour ce meurtre. Omar Raddad a bénéficié d’une grâce partielle, mais il réclame depuis d’être innocenté. Le jardinier saura en décembre si sa demande est acceptée.
«Nous avons été entendus avec Omar Raddad par la commission d’instruction de la Cour de révision et nous attendons sereinement la décision qui sera rendue le 16 décembre prochain», a déclaré son avocate, Me Sylvie Noachovitch, à l’issue d’une audience à huis clos. Elle n’a pas voulu préciser la position de l’avocat général sur la demande, mais redit qu’elle attendait «sereinement» la décision. Se tenant au côté de son avocate, Omar Raddad n’a pas souhaité faire de déclaration.
En 2002, Omar Raddad avait vu sa première demande de révision rejetée par la justice. Mais la nouvelle requête s’appuie sur «des éléments nouveaux cruciaux, fondamentaux, qui font naître un doute sur sa culpabilité», a insisté Me Noachovitch.
Nouvelles traces ADN découvertes en 2015
Cette affaire criminelle, l’une des plus célèbres et controversées en France, est une éternelle énigme. Le 24 juin 1991, le corps d’une riche veuve de 65 ans, Ghislaine Marchal, avait été retrouvé dans la cave de son domicile de Mougins (sud-est de la France) avec, à ses côtés, ces deux inscriptions écrites avec du sang: «Omar m’a tuer» (sic) et «Omar m’a t».
La demande de révision s’appuie sur le rapport en 2019 d’un expert ayant fait de nouvelles analyses de traces ADN découvertes en 2015 sur des scellés et qui n’appartiennent pas à Omar Raddad. Ces nouvelles empreintes génétiques correspondent à quatre hommes – deux sont parfaitement exploitables, deux autres partiellement – et ont été retrouvées sur deux portes et un chevron de la cave dans laquelle le corps de Ghislaine Marchal avait été découvert. Ce sont ces deux portes qui portaient les inscriptions «Omar m’a tuer» et «Omar m’a t».
La grâce ne vaut pas annulation de la condamnation
Dans le rapport rendu en 2019, l’expert avait relevé 35 traces de cet ADN dans l’inscription «Omar m’a t» et concluait en faveur de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits, et non d’une «pollution» ultérieure, notamment par les enquêteurs. «L’un des ADN s’est retrouvé mélangé au sang de la victime sur les écritures en lettres de sang. Dans ces conditions, on ne peut plus parler d’ADN de pollution», a exposé Me Sylvie Noachovitch.
Condamné en 1994 à dix-huit ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l’époque, Omar Raddad avait bénéficié d’une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d’une libération conditionnelle en 1998. Mais cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l’innocente pas.