FootballLe derby du Rhône s’est joué, mais personne n’avait les moyens de le gagner
Sédunois et Servettiens ont été incapables de faire plier leur adversaire samedi à Tourbillon (0-0). Et pourtant, il y avait des intentions.
- par
- Valentin Schnorhk Sion
Dans un derby, il n’y a souvent que la victoire qui soit belle. Alors le 0-0 entre Sion et Servette n’a rien pour satisfaire les supporters. Joueurs et entraîneurs y trouveront eux des moyens de se rassurer. Il a certes manqué pas mal d’ingrédients aux deux équipes pour faire véritablement basculer la rencontre, mais difficile de leur reprocher autre chose que leurs propres limites.
Il y a là à la fois l’espoir et le désespoir qu’aura incarné ce premier duel romand de la saison. Le prochain, ce sera pour fin janvier. On mesurera alors peut-être le chemin parcouru.
Les trois enseignements
Le temps dira si ce n’est qu’un simple mirage estival, mais il reste doux de constater que Sion n’est plus passif. Il y a eu durant l’été une réflexion de fond du côté sédunois: il fallait se départir de l’insipidité qui caractérisait les Valaisans depuis deux ou trois saisons. Un match de football se joue avant de se subir, et il suffit de pas grand-chose pour donner au moins le sentiment qu’on peut y être acteur et le décider par une approche où l’utilisation du ballon y joue un rôle prépondérant. Et en y mettant du cœur comme c’est le cas actuellement, on peut s’attendre à vivre une saison où il sera plaisant de venir à Tourbillon. C’est un véritable changement.
Ce derby devait donner plus d’indications sur les Grenat, notamment dans leurs intentions pour cette nouvelle saison. Après deux rencontres à laisser faire l’adversaire, Servette a retrouvé le goût du ballon. Une possession de 51,5% plus conforme aux standards genevois. Peut-être que la présence de Steve Rouiller en défense (Vouilloz étant touché au nez) y a aidé, lui qui est le central le plus à l’aise en la matière. Il n’est sans doute pas un hasard non plus d’avoir vu le bloc genevois capable de se donner plus d’air en défendant autrement plus haut que contre Saint-Gall ou qu’à Bâle.
Faire l’analyse de ce derby, c’est confronter le score de 0-0 aux idées collectives des deux formations. Et noter qu’aucune des deux équipes n’avait pour intention de fermer le jeu. Constat? Il y a trop de limites offensives de part et d’autre pour aspirer à jouer le haut du classement de Super League. Cela concerne aussi bien les choix des attaquants que la capacité des collectifs respectifs à les faire briller. Et pourtant, il y avait des espaces.
Les meilleurs: Musa Araz (Sion) et David Douline (Servette)
On les distingue pour des raisons différentes, malgré des postes pas si éloignés sur le terrain. Côté sédunois, Musa Araz aura été un des Sédunois les plus menaçants. C’est lui que Sion a touché le plus souvent dans la surface (quatre fois), le Fribourgeois se créant plusieurs occasions intéressantes. Il est un milieu que l’on peut trouver, et sa mobilité et sa qualité de passe incarnent bien ce Sion qui bouge.
À Servette, David Douline aura principalement été dans la compensation. Il a suivi les incursions sédunoises qui échappaient à ses latéraux et a permis de combler les brèches qui tendaient à exister dans le cœur du jeu. C’est pour ça qu’Alain Geiger l’aligne constamment ou presque. Un joueur de rôle. Et parfois, il faut savoir ne pas s’en passer, même quand cela implique moins de certitudes dans le développement des actions.
Le moins bon: Moritz Bauer (Servette)
Si Douline a brillé, c’est aussi parce que Bauer a souvent été pris à revers et qu’il a dépendu du soutien de ses coéquipiers. Placement incertain, technique défensive pour le moins surprenante, apport offensif très relatif et surtout une propension à craquer dans ses interventions (comme à la 7e minute, sur l’occasion de Bua), on s’interroge encore sur son recrutement de l’hiver dernier, pour succéder à Anthony Sauthier.
La décla’
Le fait tactique
Paolo Tramezzani a changé de système pour ce derby. Après le 4-4-2 en losange utilisé lors des deux premières journées, il a cette fois opté pour un 4-3-3. Son explication: «Je voulais donner plus de profondeur au jeu. Nous voulions être plus directs et cela a très bien marché durant les vingt premières minutes.» Cela a en effet perdu les latéraux servettiens, contraints de défendre la largeur et l’intérieur à la fois. Les mouvements coordonnés des milieux, des latéraux et des ailiers sédunois ont causé un certain désordre chez les Genevois.
La statistique
96, comme le nombre total de ballons perdus dans les deux tiers les plus avancés du terrain. Soit 52 de la part de Servette et 44 pour Sion. L’équilibre raconte des problèmes similaires d’un côté comme de l’autre.
Une question pour penser l’avenir
Qui de Sion ou de Servette a la plus grande marge de progression? Et est-elle suffisante pour viser plus haut que le top 5?
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