Automobilisme: Red Bull ne veut rien changer

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AutomobilismeRed Bull ne veut rien changer

À Bakou, le problème des secousses des monoplaces (le «marsouinage») est devenu plus sérieux que jamais. Plusieurs pilotes demandent de changer le règlement en urgence. Pas Red Bull.

Luc Domenjoz
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Luc Domenjoz

Pilotes en danger

C’est toujours la même histoire. Ceux qui n’ont pas de problème ne veulent pas aider ceux qui en ont: côté budget, les petites écuries refusent d’augmenter le plafond de dépenses que les quatre grandes équipes disent ne pas pouvoir respecter. Et côté technique, Red Bull refuse de relever la hauteur des monoplaces pour aider ceux qui souffrent de ce terrible marsouinage qui a fait des dégâts à Bakou.

À la fin de la course, dimanche, Lewis Hamilton a eu bien du mal à sortir de sa voiture et se sentait comme âgé soudainement de 80 ans. Il est même question qu’il ne participe pas au prochain Grand Prix du Canada s’il n’arrive pas à se rétablir d’ici vendredi.

George Russell, son équipier chez Mercedes, a déclaré qu’il fallait intervenir avant que le marsouinage ne cause un grave accident, «parce qu’il y a des moments où je ne contrôle plus les sauts de la voiture, dit-il. Et à plus de 300 km/h, c’est très dangereux. On ne peut pas continuer comme ça pendant quatre ans» (ndlr: avant le prochain changement de règlement).

Pierre Gasly, qui a terminé cinquième dimanche, partage leur opinion: «C’était épouvantable, j’ai pris des chocs terribles dans mon dos. Il faut faire quelque chose avant que nous ne devions marcher avec des cannes à 30 ans.»

Pourtant, Christian Horner, le patron de Red Bull, refuse de changer le règlement – puisque ses RB18 ne souffrent pas (ou pas trop) de cet effet de rebond. «On ne va pas pénaliser ceux qui ont mieux fait leur travail que les autres», tonne-t-il. «Ceux qui ont des problèmes ont la solution: mettre un fond plat plus solide, ou relever la hauteur de leur châssis. Ce sont eux qui décident de rouler aussi près de la piste, après tout.»

Évidemment, relever le châssis entraîne une forte chute des performances puisque l’appui généré par l’effet de sol diminue de manière exponentielle – ce qui oblige à le remplacer par de l’appui créé par les ailerons, ce qui à son tour diminue la vitesse en ligne droite.

Aucune solution «à l’amiable» n’est donc en vue puisque l’unanimité des équipes est nécessaire pour changer le règlement en course de saison. Faudra-t-il donc attendre le grave accident redouté par George Russell pour agir?

Le retour de Kyalami

De 1967 à 1985, puis de 1992 à 1993, la Formule 1 comptait le Grand Prix d’Afrique du Sud au calendrier, parfois en janvier pour débuter les saisons. Mais en 1993, il s’est avéré que le circuit de Kyalami, dans la banlieue de Johannesburg, était devenu trop exigu.

Depuis, des travaux ont été planifiés, et ce lundi, Stefano Domenicali, le patron de Liberty Media (la société qui détient les droits commerciaux de la F1), se rend en Afrique du Sud pour discuter du retour de Kyalami au calendrier, dès la saison prochaine.

En 2023, on ne devrait plus avoir de Grand Prix de France – en manque de moyens – ni de Grand Prix de Belgique. Las Vegas et Kyalami pourraient ainsi remplacer ces deux épreuves européennes.

Ferrari: la machine à perdre est réparée!

À Bakou, les deux Ferrari ont abandonné alors que Charles Leclerc était en tête et que Carlos Sainz occupait une solide quatrième place. Le premier sur explosion de son moteur, le second sur problème hydraulique dans le circuit de freins (à confirmer)!

Une catastrophe pour la Scuderia, qui rentre d’Azerbaïdjan sans un seul point alors que Charles Leclerc avait signé sa quatrième pole-position consécutive – sans avoir réussi à transformer une seule de ces quatre poles en victoire. Il semble que chez Ferrari, la machine à perdre soit réparée et fonctionne bien.

Pourtant, Mattia Binotto, le patron, avoue préférer la situation telle qu’il l’a vécue dimanche: «Je suis déçu, mais pas surpris», a-t-il déclaré après la course. «Je crois que nous devons régler le problème», ajoute-t-il même sans rire.

«Mais je ne peux pas en blâmer l’écurie, je sais quels efforts elle a fournis pour revenir à un bon niveau de performance. Nous restons unis, nous travaillons dur. Les pilotes le savent, et ils font partie du problème comme de la solution. Mais je préfère avoir de bonnes performances et devoir résoudre un problème de fiabilité que l’inverse.»

Comme toujours, le patron n’endosse aucune responsabilité pour ce qui reste une terrible déception chez Ferrari. Il reste tout souriant, imperturbable, voir satisfait de lui, comme si tout allait bien. Exactement comme lorsque la Scuderia fut accusée de tricherie, fin 2019.

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