FootballCommentaire: Il y a trop de profiteurs au FC Sion
Constantin le retour, exit Celestini. Au moment où le «président-coach» reprend un rôle qu’il connaît par cœur, la responsabilité première de ce nouveau charivari incombe aux joueurs eux-mêmes.
- par
- Nicolas Jacquier
A Tourbillon, Fabio Celestini a été mis en congé de la République en étant écarté de la première équipe pour (au moins) une semaine. Le Vaudois doit céder sa place à son président, habitué à cumuler les fonctions puisqu’il s’agit là de son septième (!) passage sur le banc. Ne soyons pas dupes: la mise à l’écart du successeur de Tramezzani équivaut à un limogeage déguisé. Le technicien n’a sans doute pas fait tout juste depuis son arrivée en Valais, mais il serait faux de lui imputer la seule responsabilité des revers successifs du FC Sion et de la gabegie qui s’y est installée.
On a beau triturer le problème dans tous les sens, on en revient toujours aux joueurs, frappés par un mal mystérieux dès lors que ceux-ci signent à la Porte d’Octodure en se montrant incapables de justifier leurs très confortables salaires. S’il fallait désigner des coupables, ce serait d’abord eux. Parce qu’ils se comportent comme des profiteurs je-m’en-foutistes, sinon des «tricheurs» sans même avoir le sentiment de tricher; c’est peut-être là le pire.
On peut certes ergoter sans fin sur le système Constantin mis en place depuis des décennies - ceux qui en profitent savent assez s’y complaire sans rien donner, ou pas assez, en échange. Ou chipoter sur un choix tactique inapproprié. Cela ne déplace pas pour autant la véritable cible. Avec un enchaînement qui se répète à l’infini: les renforts sont toujours bons voire excellents lorsqu’ils débarquent à Tourbillon, ils ont ensuite tendance à généralement «disparaître» tant qu’ils y restent, avant de retrouver comme par enchantement leur football dès lors qu’ils s’en vont poursuivre leur carrière ailleurs. Comme si l’air du Valais ne leur convenait pas.
Si les fans de Tourbillon ont longtemps répondu présent, c’est parce qu’ils pouvaient s’identifier à ceux qui les représentaient encore sur le terrain et les faisaient à l’époque rêver. Voici bien trop longtemps que ce n’est plus le cas. Les Meyrieu, Obradovic ou autre Vanczak n’ont pas eu de successeur dans le cœur meurtri des Valaisans.
Honnêtement, il est toujours plus pénible d’entendre des joueurs ânonner verbalement leur désir de mieux faire sans parvenir à se faire violence sur le terrain. Il en résulte un décalage malsain avec la réalité offerte (cinq défaites consécutives à domicile, onze matches sans victoire en championnat, un Balotelli qui se traîne, un horizon qui se limite à redouter le retour du FC Winterthour, etc.). Tant parler aujourd’hui de fierté, de caractère et d’honneur ne sert à rien sinon à masquer un manque flagrant d’investissement collectif.
A ce rythme, il devient quelque part risible de continuer à diffuser l’hymne valaisan avant et après les matches à domicile. Au moment de se lancer dans une nouvelle opération commando, on doute que Christian Constantin possède lui-même une baguette magique avant la double confrontation contre Lugano, mercredi en Coupe et dimanche en championnat. Qu’espérer d’éléments qui, de par leur comportement, semblent se moquer éperdument du monde, de leurs fans, du club et de leur employeur? Dans ce jeu de dupes tant ceux qui en sont les acteurs ont l’habitude d’y jouer, le patron parviendra-t-il enfin à en faire façon? Ceux qui ont obtenu le départ de Fabio Celestini devraient au moins avoir la reconnaissance du ventre envers celui qui les nourrit.