Élections aux Pays-BasLa victoire de l’extrême droite, le scénario que redoutait l’UE
Même s’il est très loin de gouverner les Pays-Bas grâce à une coalition, Geert Wilders savoure son succès électoral. Son Parti de la liberté devrait obtenir 37 sièges. Bruxelles retient son souffle.
Le triomphe de l’extrême droite aux élections néerlandaises a provoqué une onde de choc à Bruxelles, à moins de sept mois des élections européennes, qui pourraient être marquées par une nouvelle poussée des forces eurosceptiques.
Aux yeux des formations pro-européennes, le leader du Parti de la liberté (PVV) Geert Wilders, proche de la Française Marine Le Pen, encensé également pour sa victoire par le Hongrois Viktor Orban, fait figure d’épouvantail. Il pourfend les «diktats» de l’Union européenne et a promis, pendant sa campagne, un référendum sur le «Nexit», une potentielle sortie des Pays-Bas de l’UE. Sans parler de ses partis pris controversés sur le soutien à l’Ukraine ou la guerre au Proche-Orient.
Les Pays-Bas, «membre fondateur de l’UE»
Une arrivée de Geert Wilders à la table des dirigeants européens comme Premier ministre de son pays n’est toutefois pas pour demain, préviennent les politologues. «Il faut distinguer l’arithmétique (sa première place aux élections, avec 37 sièges, selon les dernières projections, ndlr) et ce qui est politiquement possible», rappelle Benoît Rihoux, professeur à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, en Belgique, soulignant qu’il sera contraint à des compromis pour trouver des alliés et espérer former une coalition.
«Les Pays-Bas sont un membre fondateur de l’UE et nous continuons de compter sur leur pleine participation à l’Union, évidemment», a commenté Éric Mamer, porte-parole de la Commission européenne, en refusant de s’exprimer sur les résultats des élections.
Populistes en force à Strasbourg?
À l’approche du scrutin européen de juin 2024, cette nouvelle progression d’un parti eurosceptique anti-immigration, dans le septième pays le plus peuplé de l’UE (17 millions d’habitants), annonce un bouleversement possible des équilibres au Parlement de Strasbourg. «On peut s’attendre au moins à une consolidation des populistes de droite, voire à une augmentation de leur nombre de sièges au Parlement européen», explique Nathalie Brack, de l’Université libre de Bruxelles.
Sans élu actuellement, le PVV pourrait y faire son entrée en renforçant les rangs du groupe Identité&Démocratie (ID), au côté notamment du Rassemblement national français et de l’AfD allemande, qui ont tous deux le vent en poupe.
Figure symbolique des combats de la Commission européenne, le Néerlandais Frans Timmermans a perdu son pari de faire triompher un attelage écolosocialiste dans son pays. Distancé de douze sièges par le PVV dans les dernières projections, l’ancien vice-président de l’exécutif européen aura du mal à tirer son épingle du jeu dans les négociations à venir.
Le parti de Mark Rutte troisième
Le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders a donc décroché la première place aux élections aux Pays-Bas, avec 37 sièges. L’alliance gauche-écologiste de Frans Timmermans est, selon ces résultats, deuxième avec 25 sièges (+8), tandis que le VVD (Parti populaire pour la liberté et la démocratie, centre droit) du Premier ministre sortant Mark Rutte a remporté 24 sièges (-10).