PolémiqueRéécriture de Roald Dahl: les versions originales resteront imprimées
L’éditeur britannique a annoncé vendredi continuer la publication des textes classiques en parallèle des versions édulcorées, après les réactions scandalisées.
Même la reine consort s’en était mêlée: face au tollé provoqué au Royaume-Uni par la réécriture des livres de Roald Dahl pour supprimer des termes jugés offensants, son éditeur britannique a annoncé vendredi continuer de publier les versions originales dans une collection spéciale.
Roald Dahl, auteur de «James et la Grosse Pêche», «Matilda» et «Charlie et la Chocolaterie», est décédé en 1990 à l’âge de 74 ans.
Puffin UK va publier les 17 livres concernés du célèbre écrivain pour enfants dans le courant de cette année «pour garder en circulation les textes classiques de l’auteur» en parallèle de leurs nouvelles versions.
L’affaire avait été révélée la semaine dernière par le quotidien conservateur «Daily Telegraph». Les ayants droit ont entrepris de lisser le langage de tous les romans pour enfants de l’auteur adoré de plusieurs générations mais qui a été dénoncé en particulier pour des propos antisémites.
Le nombre de termes modifiés est vaste, touchant à des questions considérées comme sensibles: race et ethnicité, genre, poids, apparence physique, santé mentale, violences, etc. Un personnage «énormément gros» est devenu «énorme». «Un truc fou» est devenu «un truc bizarre».
En France, l’éditeur Gallimard Jeunesse a assuré qu’une réécriture n’était pas d’actualité.
Cancel culture
La réécriture prévue de ses livres a provoqué de nombreuses réactions indignées dans le monde littéraire et politique, dans un contexte de guerres culturelles et d’accusations régulières de «cancel culture».
Salman Rushdie a dénoncé une «censure absurde».
Lors d’une réception jeudi, la reine consort Camilla a appelé les écrivains à ne pas se laisser impressionner par «ceux qui veulent restreindre votre liberté d’expression ou imposer des limites à votre imagination», ajoutant en levant les yeux au ciel et souriant: «Tout est dit.»
Ces propos ont largement été interprétés comme une critique de la réécriture des livres de Roald Dahl.