Guerre en Ukraine - Coincée en Ukraine, une Genevoise se sent abandonnée par la Suisse

Publié

Guerre en UkraineCoincée en Ukraine, une Genevoise se sent abandonnée par la Suisse

Une jeune femme restée dans une ville désormais occupée par les Russes déplore le manque de sollicitude du Département des affaires étrangères. 

Maria Pineiro
par
Maria Pineiro

«Le premier jour de la guerre, les bombes passaient au-dessus de ma tête, témoigne Kristina depuis une ville non loin de Kherson, au sud de l’Ukraine. Prise de panique, j’ai envoyé un email au Département des affaires étrangères (DFAE) qui m’a répondu ne pas pouvoir m’aider.» Plus exactement, ce dernier lui a indiqué par retour de mail qu’il recommandait aux Suisses de «quitter le pays par leurs propres moyens si cela semble possible et sûr». Réponse de Kristina: «Comment voulez-vous que je rentre par mes propres moyens? La situation est catastrophique, les aéroports ne fonctionnent pas. Il y a des tanks, des  missiles tombent partout.» 

Depuis, la jeune femme est coincée dans la ville, désormais sous occupation russe. «Les autorités suisses ne s’occupent pas de savoir comment je vais. Il n’y a pas de suivi de leur part», explique la double nationale helvético-ukrainienne, qui se trouvait dans son pays d’origine pour raisons familiales depuis plusieurs mois.

Depuis le début des hostilités, Kristina documente sa vie en Ukraine sur les réseaux sociaux, interpellant au passage le DFAE et la Croix-Rouge.

Depuis le début des hostilités, Kristina documente sa vie en Ukraine sur les réseaux sociaux, interpellant au passage le DFAE et la Croix-Rouge.

DR

Une surprise de taille

Malgré les tensions et les mises en garde du DFAE, Kristina n’a pas cru à la guerre jusqu’à son éclatement. «Mes proches et mes amis sur place me disaient qu’il ne se passerait rien, qu’il n’y avait pas à s’inquiéter, que Poutine n’attaquerait pas.» La surprise a donc été de taille. «Nous nous sommes cachés dans les caves durant trois jours, ne sortant que pour aller chercher à manger et à boire», raconte-t-elle. A l’heure actuelle, la situation là où elle se trouve «est plutôt calme, mais j’ai peur que les combats recommencent si l’Ukraine tente de reprendre le territoire». 

«Ma seule envie aujourd’hui, c’est de partir d’ici, car je ne sais pas ce qui peut arriver», témoigne-t-elle. Mais concrétiser cette volonté de fuir s’avère pour l’heure impossible. «Il n’y a pas de corridor humanitaire, explique Kristina. Et on entend des histoires de personnes qui sont mortes en tentant de quitter les lieux.» La Genevoise aurait espéré un soutien plus affirmé de la Suisse. De la Confédération, elle dit avoir reçu deux emails et un coup de téléphone pour lui indiquer de télécharger l’application «Travel Admin».

Possibilités d’aide limitées

Mais là aussi, ses espoirs ont été douchés. «Pour le moment, le DFAE ne prévoit pas de départ organisé en raison de la situation sécuritaire précaire dans tout le pays. La Suisse n’a toutefois que des possibilités très limitées, voire aucune, de fournir une assistance en cas d’urgence», lui a écrit le département lundi. Tout au plus lui recommande-t-on d’informer la Helpline sur d’éventuels changements de localisation. En attendant de pouvoir fuir, la Genevoise documente sa vie sous occupation, sur son compte Instagram, fustigeant au passage les autorités helvétiques et la Croix-Rouge. 

  

Septantaine de demandes

Guerre et occupation au quotidien

Ton opinion