Religion – Abus sexuels: l’Eglise lance un projet pilote et ouvre ses archives

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ReligionAbus sexuels: l’Église lance un projet pilote et ouvre ses archives

Une équipe de chercheurs va lancer une enquête sur les abus dans l’Église catholique romaine en Suisse au 20e siècle à la demande de celle-ci. Les archives secrètes leur seront ouvertes.

Il est nécessaire de mettre en lumière les crimes du passé commis au sein de l’Église catholique romaine, estiment les trois institutions.

Il est nécessaire de mettre en lumière les crimes du passé commis au sein de l’Église catholique romaine, estiment les trois institutions.

AFP

Les trois institutions les plus importantes de l’Église catholique romaine de Suisse lancent un projet pilote pour faire la lumière sur un chapitre sombre de son histoire. Elles ont en effet mandaté une équipe de six chercheurs pour enquêter sur les abus sexuels commis au 20e siècle. Deux professeures du département d’histoire de l’Université de Zurich vont diriger le projet, Un comité scientifique indépendant de six personnes, nommé par la Société suisse d’histoire, conseillera et soutiendra les chercheuses, annonce la Conférence suisse des évêques (CES) lundi.

«Tirer les leçons du passé»

«C’est un devoir de justice envers toutes les victimes. Étant donné que c’est l’Église catholique romaine, avec ses structures de pouvoir héritées de l’histoire, qui est à l’origine de ces actes, il est indispensable que la recherche exhaustive de tous les abus et de leurs causes soit traitée de manière absolument indépendante, précise la CES. «Le pardon, la miséricorde et la satisfaction ne peuvent pas remplacer une action juste et une procédure judiciaire. Il est nécessaire de mettre en lumière les crimes du passé commis au sein de l’Église catholique romaine. Il faut en tirer les leçons et tout mettre en œuvre pour qu’aucune injustice ne puisse plus se produire».

C’est la première fois que la CES, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse et la Conférence des unions des ordres religieux et autres communautés de vie consacrée s’expriment ensemble sur ce thème très délicat. «Les instances dirigeantes ont le devoir de tirer les leçons du passé», écrit encore la CES. «Cela présuppose que l’Église devienne une organisation apprenante, prête à reconnaître ses propres erreurs et à modifier les structures existantes qui ont permis ou favorisé les crimes et leur dissimulation».

Accès aux archives secrètes

Concrètement, les chercheurs vont se pencher durant une année sur les violences sexuelles commises en Suisse par des membres du clergé catholique, des employés de l’Église et les religieux depuis le milieu du 20e siècle. Le projet pilote prévoit de mettre l’accent sur les structures qui ont permis les abus de mineurs et d’adultes et qui ont rendu difficiles leur mise à jour et leur sanction. Toutes les régions linguistiques sont prises en compte. Les trois organisations mandataires ont en outre garanti aux chercheurs un libre accès aux dossiers et aux archives secrètes des diocèses.

À noter encore que des pseudonymes seront utilisés pour les noms des personnes concernées, de leurs proches et d’autres personnes privées. En revanche, les personnalités publiques telles que les évêques, leurs auxiliaires et les abbés ainsi que les titulaires de postes de direction ecclésiastique ne seront pas anonymisés.

(cht/comm)

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