Football: Xamax a «convoqué» Manchester City pour progresser

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FootballXamax a «convoqué» Manchester City pour progresser

Pour sa rentrée à la Maladière, le club neuchâtelois a séché devant Baden, qu’il n’a pas réussi à battre (1-1). On y pratique pourtant le même sport que chez les Citizens. Vraiment?

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Contre Baden, les Neuchâtelois (ici Del Toro débordant Fontana), n’ont pas tenu la distance. A force de trop reculer, ils ont fini par se faire rattraper.

Contre Baden, les Neuchâtelois (ici Del Toro débordant Fontana), n’ont pas tenu la distance. A force de trop reculer, ils ont fini par se faire rattraper.

Pascal Muller/freshfocus

De l’avis même de son coach, Xamax avait réussi une préparation jugée pas loin d’être idéale, profitant notamment de ses quatre matches amicaux pour roder plusieurs systèmes. Pour Uli Forte, il importe que son équipe parvienne à maîtriser des plans de jeu différents afin de varier sa palette tactique. Dans le quotidien Arcinfo, le technicien zurichois n’avait d’ailleurs pas craint de rappeler avant le coup d’envoi une évidence en faisant référence à ce qui se fait de mieux.

«Nous ne sommes pas Manchester City qui peut imposer son style tout le temps», justifiait-il ainsi au moment de prôner la nécessité de savoir s’adapter à des contextes évoluant souvent en fonction de l’adversaire. Si Forte a délibérément choisi de «convoquer» les cadors de City, c’est pour que son équipe, au niveau qui est le sien, progresse à sa manière.

Contre Baden à la Maladière, on a très vite compris en ce vendredi de reprise que l’on ne serait pas transporté à l’Etihad Stadium. En prenant le parti d’abandonner le ballon à son hôte argovien, Xamax s’est fourvoyé. A trop multiplier les figures de style et les approches, aucune n’a vraiment fonctionné. Que les «rouge et noir» ne ressemblent pas aux Citizens - ni même à une honnête formation de Super League -, cela, tout le monde peut aisément en convenir.

Un monde de différence

Si notre titre se veut à dessein provocateur, l’idée n’est bien sûr pas ici de constater l’écart abyssal qui les en sépare ni même de se moquer des efforts locaux pour offrir un divertissement ressemblant un tantinet à un spectacle. Tant City (une galaxie planétaire) et Xamax (un petit monde à l’échelle européenne…) n’évoluent pas dans le même univers. Autre décor, autre qualité, autres moyens, autre dimension, autre environnement, autre résonnance… tout diffère, forcément, y compris le talent, ce don inné qui fait les différences.

Pourtant, les joueurs d’Uli Forte sont tous des professionnels ayant chacun fait du ballon leur métier, au même titre que ceux de Pep Guardiola. Admiratifs au niveau de leur implication, ils consentent les mêmes sacrifices au quotidien que les stars de la Premier League, s’investissent tout autant à l’entraînement, produisent des efforts identiques, sinon davantage, pour gagner des pécadilles comparées aux feuilles de paie versées à City où le salaire moyen dépasse 250000 francs par semaine.

A leur niveau, les Neuchâtelois savent aussi vendre du rêve (certes plus modeste) à leurs supporters - le fait d’être plus rapidement confrontés à leurs limites ne modifiant en rien la donne. En cela, ils font souvent, eux aussi, à l’instar de Bernardo Silva, Kevin De Bruyne, Erling Haaland ou… Manuel Akanji, figures d’exemple aux yeux de ceux qui aiment s’y identifier, notamment les plus jeunes. Comme quoi, on est toujours le héros d’un plus petit que soi.

«Les Belges le voulaient à tout prix. Franck est conscient que pour lui, c’est un grand saut»

Uli Forte, coach de Xamax, évoquant le départ de Surdez

Vendredi soir, on a cependant vu combien ce Xamax-là, incapable de dominer Baden à domicile (1-1), avait pu être tributaire de Franck Surdez jusque-là. Avec le départ de son joyau, le club neuchâtelois ne fait peut-être qu’assumer son rôle de club formateur, c’est vrai. Mais il a surtout perdu là sa seule star capable de procurer des émotions et de susciter des élans d’admiration dans les tribunes.

Uli Forte n’a pu que s’incliner devant le chèque que les dirigeants de La Gantoise ont signé à son président. «Alors que les clubs suisses n’avaient pas formulé d’offre, expliquait-il peu après le coup de sifflet final, les Belges le voulaient à tout prix. Franck est conscient que pour lui, c’est un grand saut.»

Accrocher le podium

Xamax va devoir désormais apprendre à progresser autrement en s’adaptant. Comment franchir un pas en qualité sur la durée? En s’entraînant mieux, joue-t-on nécessairement mieux? C’est ce que prétend l’adage mais celui-ci se vérifie-t-il toujours? Dans la mesure où il n’est à priori concerné ni par la promotion ni par la lutte pour le maintien, sans doute le club de la Maladière souffre-t-il de l’absence d’un objectif concret à atteindre. Accrocher le podium devrait être ce nouveau but. La saison pourrait sinon devenir longue.

Son entraîneur a raison, Xamax ne sera jamais Manchester City, ce n’est d’ailleurs nullement son intention. Mais en privilégiant davantage la quête de l’excellence, ses joueurs peuvent imaginer s’en rapprocher à bonne distance. Au moins dans les intentions. Tant il est vrai que l’on devrait toujours se comparer à ses modèles, fussent-ils inaccessibles. Parce que d’un match à l’autre, d’une ligue à l’autre, d’une équipe à l’autre, les spectateurs, qui sont tous d’excellents téléspectateurs, ne devraient plus avoir à se demander, dubitatifs: est-ce vraiment là le même sport?

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