FranceLe retour politique de Quatennens condamné divise ses collègues
Exclu quatre mois de son groupe LFI, après sa condamnation pour violences conjugales, le député du Nord veut pourtant revenir au Parlement en janvier.
Le député La France Insoumise (LFI) Adrien Quatennens, qui a annoncé son retour à l’Assemblée nationale malgré sa suspension pour quatre mois du groupe, «manque de retenue», a estimé jeudi son collègue François Ruffin, tandis que la cheffe du groupe Mathilde Panot a défendu «sa liberté».
Le député LFI du Nord, condamné mardi, à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, a donné deux interviews distinctes dans lesquelles il a dénoncé un «lynchage médiatique» et annoncé son retour dans l’hémicycle, «vraisemblablement dès le mois de janvier», répétant ne pas être «un homme violent».
Un «temps de digestion»
«Le jour même où on a une condamnation quand même pour violences conjugales, réagir en direct dans un grand média, je trouve que ça manque de retenue», a déclaré jeudi François Ruffin sur RTL. Se disant «solidaire» de la décision du groupe LFI d’une «radiation» de quatre mois, jusqu’au 13 avril, il a rapporté qu’il avait, dans la discussion préalable au vote, défendu «une année sabbatique» pour Adrien Quatennens.
Cela «n’aurait fait de mal à personne» pour «reprendre ses esprits», avoir «un temps de digestion» pour se demander quoi faire de cette sanction pour «soi-même», «pour la société», «pour la politique», a expliqué le député de la Somme. Quant à la suite, «c’est au peuple de décider à la fin si jamais Adrien Quatennens a un avenir en politique ou pas», selon François Ruffin.
«C’est sa liberté»
La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a jugé sur Public Sénat que «puisque Adrien Quatennens n’est plus dans notre groupe sur une durée de quatre mois, cela lui laisse la liberté à la fois de se défendre comme il l’entend et de revenir à l’Assemblée comme il l’entend».
«Lorsque Adrien Quatennens explique que ses électeurs lui demandent de reprendre le travail parlementaire et que lui-même a envie de reprendre le travail parlementaire, à partir du moment où Adrien, pendant quatre mois, n’est pas dans mon groupe, c’est sa liberté de pouvoir venir ou non», a-t-elle tranché.
Un «blanchiment politique»
Tout en se disant «d’accord» avec Adrien Quatennens que ce moment de violence «ne résume pas une vie», la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui continue de réclamer sa démission, a regretté de son côté «une entreprise de blanchiment politique, à l’instant même où le verdict a été posé».
«La réhabilitation nécessite trois étapes: la sanction, qui doit être aussi politique, le temps de la réparation et ensuite le temps de la réhabilitation», a-t-elle expliqué sur le plateau de LCI. Mais là, «il manque ce temps de la sanction politique et de la réparation», a-t-elle déploré.
De son côté, le secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, s’est félicité sur BFMTV/RMC que la sanction ait déjà été prononcée par la justice, appelant à ce que «toutes les femmes qui subissent des violences conjugales puissent passer devant un juge aussi rapidement». Pour autant, a-t-il rappelé, la règle au PCF est que des condamnations pour violences envers des femmes interdisent de «présenter des candidats aux élections» ou de «siéger dans un groupe».