GenèvePierre Maudet «a agi par convenance personnelle et goût du pouvoir»
La justice genevoise a rendu son verdict dans l’affaire du voyage à Abu Dhabi. Le conseiller d’Etat nouvellement élu a été condamné à 300 jours-amende avec sursis.
Un verdict très attendu vient de tomber dans l’affaire Maudet. Vendredi, la Chambre pénale d’appel et de révision (CPAR) a rendu son jugement à l’encontre du conseiller d’Etat fraîchement élu, Pierre Maudet. Selon plusieurs médias, la CPAR a condamné l’élu à 300 jours-amende à 400 francs, avec sursis, soit exactement la même peine prononcée en première instance. Le délai d’épreuve a été fixé à deux ans. Le magistrat, qui prête serment ce mercredi, devra également s’acquitter d’une créance compensatrice de 50’000 francs en faveur de l’Etat.
Pas de prise de conscience
Dans son arrêt, communiqué ce jour, la Cour considère que l’accusé «n’a toujours pas pris conscience, ne serait-ce que partiellement, du caractère pénal de ses actes, plaidant l'incertitude juridique pour échapper à toute sanction, voire une sanction réduite». Elle souligne également qu’«il a agi par convenance personnelle, par goût du pouvoir et avec légèreté, l'estime qu'il avait de lui-même comme Conseiller d'État et l'honneur personnel que représentait cette invitation l'ayant aveuglé. Ce faisant, il a perdu de vue les devoirs d'intégrité imposés par sa fonction.» Si un recours contre la peine infligée reste possible, la culpabilité de l’élu, elle, ne peut plus être contestée. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer.
Condamné en première instance, Pierre Maudet avait obtenu gain de cause en appel, avant de voir son acquittement annulé par le Tribunal fédéral en novembre dernier. Les juges de Mon-Repos avaient estimé que le Genevois s’était bien rendu coupable d’acceptation d’un avantage. En 2015, alors qu’il était conseiller d’État, il s’était vu offrir par les Emirats arabes unis un séjour tous frais payés, estimé à 50’000 francs, pour assister au GP de Formule 1 avec sa famille.
Bras droit également condamné
L’ancien bras droit du ministre, Patrick Baud-Lavigne, a quant à lui écopé d’une peine de 360 jours-amende à 300 francs avec sursis et doit verser 10’000 francs à l’Etat. «En sa qualité de chef de cabinet d'un Conseiller d'État, il a non seulement accepté un avantage indu, en s'accommodant du risque qu'il eut été octroyé dans le but d'influencer son activité, mais a aussi violé son secret de fonction et instigué un directeur de service à abuser de son autorité», relève la CPAR, qui précise que ce fonctionnaire a donné la priorité «à la satisfaction de son bien-être ou au copinage, au détriment de ses devoirs et des institutions en général».