FootballChristophe Moulin: «Le FC Sion doit transformer Tourbillon en chaudron»
Coach lors du doublé Coupe-promotion au printemps 2006, Christophe Moulin croit l’équipe actuelle capable de rééditer pareil exploit. À condition de hausser le niveau contre Lugano, samedi soir.
- par
- Nicolas Jacquier
Christophe Moulin (65 ans) reste à jamais lié à l’histoire du FC Sion. En 2006, il avait été l’homme qui avait offert au club valaisan, qui évoluait alors en Challenge League, un doublé inespéré, avec la Coupe d’abord, enlevée le 17 avril aux tirs au but face au favori YB (1-1 ap, 5-3 tab), avant une promotion obtenue aux dépens de Xamax à l’issue des barrages – 0-0 à Tourbillon, 3-0 à la Charrière où le match retour avait été déplacé en raison de la construction de la nouvelle Maladière.
Le recul aidant, quelles images conserve-t-il aujourd’hui de ce printemps enchanteur, qui l’avait vu, en tant que jeune coach, succéder en octobre 2005 à l’Italien Gianni Dellacasa sur le banc de Tourbillon? «C’est très loin, c’est derrière, même si les souvenirs sont toujours vivants. Il y a des flashes qui reviennent. À l’époque, on avait l’impression de marcher sur l’eau.»
Pour s’ouvrir le chemin du Wankdorf, Sion avait éliminé Winterthour – qui militait également à l’échelon inférieur – à la Schützenwiese, grâce à un but de son buteur attitré, le Brésilien Paulo Vogt (0-1). «Avant le tirage au sort des demies, se souvient son entraîneur, je souhaitais tirer Zurich ou Saint-Gall, soit une grosse écurie de Super League, dans la mesure où je rêvais de retrouver au plus vite le championnat. Je craignais de gaspiller trop d’énergie. Vailati nous avait sauvé dans les ultimes secondes. Mais dès l’instant où l’on s’est retrouvé en finale, il s’est produit un basculement. Je me suis vite rendu compte que cette Coupe, il allait falloir la gagner. Il était hors de question que l’on soit les premiers Valaisans à la perdre!»
Sur la retenue à Thoune
Dix-huit ans plus tard, Sion n’est pas loin de se retrouver dans une situation similaire. Le voici confronté cette fois à Lugano, certainement ce qui se fait de mieux actuellement. Faut-il dès lors craindre une demi-finale déséquilibrée, voire jouée d’avance? «Jamais de la vie!, s’exclame Christophe Moulin. Lugano est certes un gros morceau, mais c’est du 50-50 si Sion réussit à mettre les ingrédients qu’il convient. D’ailleurs, être favori, qu’est-ce que cela signifie en Coupe?»
Alors que le leader de Challenge League reste sur un cuisant échec à Thoune, ses joueurs trouveront-ils les forces pour rebondir? Notre interlocuteur s’en dit convaincu: «Inconsciemment, les Valaisans en ont fait un peu moins à Thoune. Il y avait la peur de se blesser, avec cette Coupe qui, qu’on le veuille ou non, habitait déjà tous les esprits. Je me souviens qu’en 2006, on avait disputé un match catastrophique à Baulmes quelques jours avant de gagner la finale.»
Le rôle du public
De fait, comment aborder un tel rendez-vous afin d’annuler la différence de ligue existant au coup d’envoi? «Il faudra un grand FC Sion pour passer. Porté par son public, il lui faudra tenter d’emballer le match, de transformer Tourbillon en véritable chaudron. A ce niveau, l’engouement des supporters est primordial. Il faut jouer sur l’engouement populaire sans pour autant perdre des forces en disputant le match à l’avance. Ce sera bien sûr compliqué; Lugano est une formation expérimentée, qui sait gérer les différents rythmes d’une rencontre.»
Il y a 14 mois, Sion, qui s’était présenté au coup d’envoi avec un capitaine nommé Balotelli, avait été séchèment balayé 0-3 par ce même Lugano au stade des quarts de finale devant une toute petite chambrée (4180 spectateurs). Signe d’une union sacrée retrouvée, ils seront 15’000 à remplir Tourbillon ce samedi.
Quels conseils notre interlocuteur soufflerait-il à Didier Tholot et, au-delà, de façon plus globale, sur quoi Sion doit-il miser pour surprendre son hôte tessinois? «Didier possède assez d’expérience pour trouver ce qu’il convient de faire, répond Moulin. N’a-t-il pas déjà remporté deux Coupes? Cela dit, Sion a tout à gagner, cela doit représenter un avantage. A mes yeux, Sion doit jouer le rôle du petit en cherchant à faire déjouer Lugano.»
Quel discours l’homme du doublé coupe-promotion chercherait-il à transmettre aux joueurs en pareilles circonstances? «Je reprendrais ce que j’ai toujours dit à toutes mes équipes: «Jouez de manière à ne pas avoir de regrets au coup de sifflet final». Quel est le risque si vous perdez? Vous pouvez être déçu. Si l’adversaire s’avère meilleur, vous aurez sans doute appris quelque chose.»
Emulation dans tout le club
S’il est à la retraite sur le plan professionnel, Christophe Moulin est toujours actif dans la formation. Cette saison, il entraîne les M17 du FC Sion, sur le point de se qualifier pour le tour final de leur championnat national. «On reçoit le FC Thoune ce samedi à l’Ancien Stand», précise-t-il. Décidément…
Il terminera sa journée à Tourbillon où l’enjeu dépassera le seul cadre sportif. «Avec la Coupe et le championnat, on sent une extraordinaire émulsion au sein du club, jusque chez les juniors. Les jeunes rêvent de se retrouver un jour à la place des pros qu’ils ont l’occasion de parfois croiser.»
On ne peut laisser Christophe Moulin sans lui demander son pronostic sur un choc qui embrase tout un canton. «Ce que j’espère, répond-il, c’est 2-1 pour Sion. J’ai envie de retourner au Wankdorf le 2 juin!» En parallèle, Sion devra valider avant cela son ticket de promotion, alors qu’il sent le souffle de Thoune dans son dos. «Sion ira au bout, j’en suis persuadé. Ils ont tout pour monter.»