Neuchâtel: Taureau meurtrier: «On devient trop confiant»

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NeuchâtelTaureau meurtrier: «On devient trop confiant»

La mort d’un paysan écrasé contre une barrière par un bovin d’une tonne secoue le monde agricole.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Un taureau est dangereux quand il protège ses vaches, comme ici à St-Ursanne (JU).

Un taureau est dangereux quand il protège ses vaches, comme ici à St-Ursanne (JU).

FRI – Olivier Boillat

La mort samedi soir d’un paysan neuchâtelois chargé par un taureau au Valanvron (NE), sur les hauts de La Chaux-de-Fonds, a secoué le monde agricole. Dans sa ferme, l’agriculteur de 56 ans s’est retrouvé compressé contre une barrière en acier par un mâle dont il s’occupait à l’étable.

«On devient trop confiant, alors qu’il faut rester prudent et prévoir la réaction de la bête», réagit Gérald Chételat, un éleveur de Pleigne (JU). Affecté par la mort d’un collègue, ce paysan sait qu’un combat avec un taureau est inégal: «S’il se retourne, on ne sera pas gagnant».

Un âge critique

Si un seul geste d’un taureau inspire la crainte, un paysan est censé le liquider. «Comme un adolescent, un taureau peut avoir un âge critique et tourner vinaigre, alors qu’il était très gentil», compare Gérald Chételat.

«Un taureau, il faut l’observer, mais pas le regarder dans les yeux, une attitude ressentie comme une provocation», explique l’éleveur de Pleigne. À la ferme, il ne se place jamais devant un taureau, pour se donner le temps de réagir en cas d’attaque.

Un taureau peut-il écraser un paysan par inadvertance? Pas selon les spécialistes: «Ce geste traduit plutôt la volonté d’une bête de ne pas se laisser faire», dit l’un d’eux. Pressé contre une barrière, le paysan du Valanvron n’avait pas d’échappatoire, le poids d’un taureau étant proche d’une tonne.

Doigts dans ses yeux

L’an dernier à pareille époque, un agriculteur jurassien s’était fait charger à plusieurs reprises par un taureau d’engraissement dans une ferme de Boncourt (JU), mais lui a eu le temps de réagir. «J’ai réussi à appuyer très fort mes doigts dans ses yeux», témoignait alors cet éleveur victime d’une double fracture du bassin, de côtes cassées, d’une vertèbre touchée et d’un foie lacéré.

L’incident inexplicable s’était produit au sein d’un troupeau de 150 taureaux de race montbéliarde au comportement irréprochable. Au lieu de se diriger avec ses congénères vers un autre enclos, le temps pour l’agriculteur de nettoyer un box rempli de fumier, un taureau a fait demi-tour pour s’appuyer sur lui.

«Il m’aurait tué»

L’éleveur était parvenu à se hisser sur une barrière, mais deux coups dans le dos ont provoqué sa chute. «Je crois qu’il m’aurait tué», a rapporté l’éleveur en regrettant son manque d’attention.

D’une manière générale, un taureau protège son troupeau de vaches toute l’année, mais le risque est amplifié lorsqu’une vache est en chaleur. Responsable de la production animale à la Fondation rurale interjurassienne, Véronique Frutschi se déclare «extrêmement étonnée» par l’accident de samedi, d’autant qu’à la ferme, les taureaux sont munis d’une boucle pour être tenus par le museau.

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