Séisme en TUrquie et en Syrie«Je n’ai rien senti de pareil pendant toutes ces années de guerre»
Les premiers témoignages de victimes du tremblement de terre arrivent de Syrie. Pour eux, cette catastrophe est «plus dure que les bombes».
Dans un hôpital du nord-ouest de la Syrie, Oussama Abdelhamid, blessé au front, n’arrive pas à retenir ses larmes: l’immeuble où il habite avec sa famille s’est écroulé en pleine nuit. Cet habitant d’un village frontalier de la Turquie a survécu par miracle au violent tremblement de terre. «On dormait quand on a ressenti un très fort tremblement de terre», raconte-t-il.
«Avec ma femme et mes enfants, nous avons couru vers la porte de notre appartement au troisième étage. Dès que nous l’avons ouverte, le bâtiment tout entier s’est effondré», poursuit-il. En quelques instants, Oussama Abdelhamid s’est retrouvé sous les décombres du bâtiment de quatre étages dans le village d’Azmarine. Mais «Dieu le protecteur» l’a miraculeusement sauvé, ainsi que sa famille, dit-il.
«Les murs nous sont tombés dessus, mais mon fils a réussi à sortir et a commencé à crier, puis les gens se sont rassemblés et nous ont sortis des décombres», ajoute-t-il très ému. Tous ses voisins ont été tués. L’hôpital Al-Rahma est bondé, les blessés arrivant sans discontinuer par ambulances, dont un grand nombre d’enfants.
«Sous les décombres»
«La situation est très grave, de nombreuses personnes sont toujours sous les décombres d’immeubles résidentiels», explique Majid Ibrahim, un chirurgien. Dans ces zones tenues par les rebelles qui combattent le régime de Damas, on dénombre au moins 221 morts. Mohammed Barakat, 24 ans et déjà père de quatre enfants, est allongé sur un lit de l’hôpital Al-Rahma, où il est soigné pour des blessures au visage et une fracture de la jambe, provoquées par la chute d’un mur sur lui.
«Nous avons quitté la maison parce que c’est un rez-de-chaussée et elle est ancienne. Mais les murs des bâtiments voisins ont commencé à nous tomber dessus alors que nous étions dans la rue», raconte-t-il.
«Jugement dernier»
Lorsqu’il a ressenti le tremblement de terre, Anas Habache, 37 ans, est allé chercher son enfant et a demandé à sa femme enceinte de le rejoindre en courant à l’entrée de leur appartement situé au troisième et dernier étage d’un immeuble de la ville d’Alep. «Nous avons dévalé les escaliers comme des fous, et dès que nous sommes arrivés dans la rue, nous avons vu des dizaines de familles effrayées», dit-il.
«Il y en avait qui étaient à genoux en train de prier, d’autres pleuraient, comme si c’était le jour du jugement dernier», ajoute-t-il. «Je n’ai rien senti de pareil pendant toutes ces années de guerre, la situation est beaucoup plus dure que les bombes», affirme Anas Habache.