JO de Tokyo«Pardon? Vous êtes testés et vaccinés?»
Aux Jeux olympiques, certains bénévoles ont un rôle étonnant. Et ne sont pas toujours bien informés. Cela peut même finir en selfie sur le compte Instagram d’un résident de Yokohama. On vous raconte.
- par
- Jérôme Reynard Tokyo
A Tokyo, comme pour toute quinzaine olympique, c’est la foire aux bénévoles (70’000). Mais à la différence des événements passés, ici, restrictions sanitaires obligent, certains rôles sont plutôt étonnants, ingrats. On pense à ces personnes chargées de faire respecter les règles d’hygiène, ou l’ordre en général, en brandissant constamment les mêmes pancartes.
«Veuillez vous désinfecter les mains», «veuillez respecter la distanciation sociale»… Quand on ne parle pas anglais, ce qui semble le cas de beaucoup de volontaires, on se fait comprendre autrement.
Au stade de natation, entre le premier niveau et le troisième, trois bénévoles différents nous présentent un écriteau identique, sur lequel est inscrit la situation de la tribune réservée à la presse écrite. Il est vrai que l’oeil est tout de suite plus attiré par ce genre de mises en scène que par une affiche collée sur un mur. Mais tout de même: que le temps doit leur paraître long.
Il n’y a pas que les bénévoles qui détonnent. Il y a également certains employés, à l’image de ces étudiants, dont le job d’été consiste à nous accompagner à l’arrêt de notre navette officielle, situé à 50 mètres de notre hôtel. C’est que nous ne sommes pas autorisés à sortir de la bulle olympique durant nos 14 premiers jours sur place. D’où l’escorte.
Une petite sieste?
«Je suis votre guide jusqu’à votre bus». Eux aussi ont leurs pancartes. Mais le plus surprenant, avec ces jeunes qui se relaient, c’est qu’ils sont là jour et nuit, dans le hall, prêts à accomplir leur mission, une fois par heure (la fréquence de notre navette). Cela, alors que nous ne sommes qu’une dizaine de journalistes dans notre établissement, tous sur le départ le matin et rentrés le soir.
Il n’est pas rare d’en surprendre en pleine sieste, sur un fauteuil du lobby, faute de job. L’autre soir, on en a réveillé un en parlant un peu trop fort. Du coup, il s’est joint à nous pour échanger, dans un anglais plutôt maîtrisé. Le jeune homme, universitaire, vit à Yokohama. Il passe quatre heures par jour dans les transports publics pour se rendre sur son lieu de travail estival.
Dans la discussion, on a tenté d’en savoir plus sur l’opinion publique japonaise par rapport aux Jeux. Il nous a raconté que l’image des JO n’était pas excellente, les gens considérant cet événement comme l’une des raisons de la remontée des cas positifs à Tokyo.
Dans l’idée de le rassurer, nous lui avons garanti que de notre côté nous restions dans la bulle, que nous faisions notre bilan de santé tous les jours sur une application, que nous allions quotidiennement nous faire tester et que nous étions vaccinés. Il est tombé des nues. «Pardon? Vous êtes testés et vaccinés? Il faut que je le dise à mes amis, ils ne sont pas au courant. On peut faire un selfie?»
Alors il a sorti son smartphone, nous a pris en photo et on a fini sur Instagram. Avec une légende expliquant nos conditions. Enfin… selon notre traducteur automatique.