Hockey sur glaceMartin Steinegger: «Le HC Bienne est arrivé à la fin d’un cycle»
En difficulté cette saison, les Seelandais figurent au 12e rang de National League à l’heure de la première trêve internationale. L’occasion de faire le point avec le directeur sportif, Martin Steinegger.
- par
- Ruben Steiger
Il y a des victoires plus significatives que d’autres dans une saison de 52 matches. Celle acquise de haute lutte par le HC Bienne, samedi soir, contre Berne (2-1) a fait du bien à tout le monde à la Tissot Arena. Aux supporters, aux joueurs, aux dirigeants et évidemment à l’entraîneur Petri Matikainen. «Je suis soulagé qu’on ait gagné. J’ai vu l’équipe que je souhaiterais voir à chaque sortie, a apprécié le technicien finlandais. Maintenant, Dieu merci, la pause est là.»
Dix jours de coupure, jusqu’au huitième de finale aller de la Champions League contre Färjestad, qui vont permettre aux Biennois de récupérer quelques absents et de se requinquer pour repartir dans la bonne direction. À l’heure de cette première trêve internationale de la saison, Bienne figure à un peu enviable 12e rang (20 matches, 23 points). Le moment idéal pour évoquer, dans les grandes largeurs, la situation du club avec le directeur sportif, Martin Steinegger.
Quel bilan tirez-vous de cette première partie de championnat?
Il n’est pas vraiment positif. Il manque des points et des résultats. On a pourtant pris un bon départ, mais on a ensuite connu de grands problèmes. La seule note positive provient de la Champions League, où on a bien joué et réussi à se qualifier pour la phase à élimination directe. On est vraiment contents que la pause arrive afin de regrouper l’équipe et de se préparer pour la suite de la saison.
Est-ce que vous vous attendiez à vivre une entame de saison aussi compliquée?
Je m’attendais à des difficultés, mais pas autant. Il faut être honnête et, actuellement, il nous manque de la qualité. On ne joue pas forcément mal lors des derniers matches, mais ça se joue à chaque fois sur un seul goal. Mentalement, ce n’est pas facile pour nous, mais je suis fier du staff et des joueurs car personne ne lâche rien. L’objectif était de survivre dans cette dernière semaine avant la pause, ce qu’on a bien fait (ndlr: 5 points).
Comment expliquez-vous ces difficultés?
C’est un ensemble de facteurs. Il y a d’abord notre manque de profondeur, mais c’est compliqué d’en avoir quand tu as autant de blessés. L’adaptation à un nouvel entraîneur joue également un rôle. Tout comme la finale perdue en 2023. Cette finale a créé un sentiment de suffisance, comme si l’équipe était contente de ce qu’elle avait fait et qu’elle en avait assez. On n’avait plus cette soif de victoires en début de saison. Elle revient gentiment, mais on doit encore en faire plus.
Le top 6 était l’objectif de Bienne. Si on considère que la 6e place se jouera à 82 points, comme en 2022-2023, vous devez tourner à une moyenne de 1,84 point par match jusqu’au terme de la saison régulière. Vous y croyez encore?
On a atteint notre objectif européen en se qualifiant pour la phase finale de la Champions League. Pour le top 6 en championnat, c’est un but très ambitieux que l’on s’était fixé car il y a une dizaine d’équipes qui ont les mêmes attentes. Forcément, plusieurs d’entre elles passeront à la trappe. Honnêtement, cela va être très difficile de tourner à 1,8-1,9 point par match, mais je préfère me concentrer sur le présent. À court terme, on doit vraiment mettre le bateau en marche.
Le présent, c’est aussi les départs déjà annoncés (Yannick Rathgeb) ou pressentis (Mike Künzle, Tino Kessler, Joren van Pottelberghe…). Le groupe actuel est-il à la fin d’un cycle?
Oui, le HC Bienne est arrivé à la fin d’un cycle. Mais on le savait et il y aura de nombreux changements l’année prochaine.
Avec autant de joueurs en fin de contrat, peut-on voir un manque d’anticipation?
Peut-être, oui. Cependant, on a vécu un changement d’entraîneur et on voulait attendre de voir comment ça allait fonctionner entre le nouveau staff et les joueurs, et vice versa, avant de signer des contrats. De ce point de vue, il y a peut-être eu un manque d’anticipation. On aurait probablement dû lancer le nouveau cycle pendant l’été. Le HC Bienne et le groupe actuel ont grandi ensemble. On a été en mesure de prolonger certains joueurs par le passé et ils ont pu poursuivre leur développement chez nous. Maintenant, on est arrivés à un stade où on ne peut plus garder tout le monde car on n’arrive plus à suivre financièrement. La saison prochaine représentera un nouveau départ, mais je suis confiant.
Trouver des joueurs à prix réduits ou indésirables, les développer, grandir avec, avoir une chance de jouer le titre de temps en temps et ensuite devoir les laisser partir. N’est-ce pas le destin du HC Bienne?
C’est parfaitement résumé et on en est pleinement conscients. On se trouve dans la phase où on doit retrouver des joueurs à développer comme on l’a fait par le passé avec Mike (Künzle) ou Tino (Kessler). On a grandi avec eux et maintenant ils cherchent quelque chose ailleurs. On a besoin de joueurs, qu’ils soient jeunes ou à la recherche d’une deuxième chance, qui ont faim et qui veulent faire ce chemin avec le HC Bienne.
L’année 2022-2023 était le point culminant du cycle. Les regrets concernant la finale perdue sont-ils encore plus grands si on considère que la maturité du nouveau cycle arrivera seulement dans quelques années?
Le club a toujours visé le top 6 afin de pouvoir briguer le titre si la chance se présente. Elle s’est présentée l’année dernière, mais on est tombés sur un adversaire un brin meilleur que nous. On était très déçus mais on va tout faire pour revenir dans cette situation. Je ne sais pas quand ça se reproduira, mais j’ai un rêve. Et ce rêve n’est pas mort. On prend un nouveau départ, avec des ambitions un peu plus basses, mais avec la motivation et la faim d’atteindre cet objectif. Je me réjouis!