CyclismeL’heure de Robin Froidevaux a enfin sonné
Dès ce dimanche, l’espoir vaudois va disputer le Tour de Suisse avec l’équipe nationale. Le coureur de Morges, qui revient d’une commotion, s’apprête à vivre son baptême du feu en World Tour.
- par
- Chris Geiger
Après la pluie vient le beau temps, comme dit le proverbe. Victime d’une lourde chute sur la tête le 7 avril dernier lors de la 2e étape du Circuit des Ardennes, Robin Froidevaux a vécu deux derniers mois compliqués en raison d’une commotion. Mais le coureur de 23 ans voit enfin la lumière au bout d’un tunnel qui débouche sur Küsnacht, lieu de départ et d’arrivée de la 1re étape du Tour de Suisse (de ce dimanche à dimanche prochain).
Ce dimanche, sous le maillot national, le Morgien va retrouver la compétition. Il va surtout découvrir le plus haut niveau du cyclisme mondial à cette occasion. «Je ne me sens pas trop stressé, glisse le pistard. Bien sûr, j’aurai le maillot national sur les épaules. Mais je n’aurai pas vraiment de responsabilités, car je ne suis pas censé être au niveau des autres coureurs du World Tour. Cette course ne me stresse pas vraiment. Au contraire, cette expérience est plutôt excitante. Elle me permettra de me faire une idée sur le niveau des autres coureurs et de progresser en me frottant aux meilleurs.»
Crève-cœur romand
Malheureusement pour celui qui a participé aux derniers Jeux olympiques de Tokyo, il n’aborde pas la boucle helvétique dans des conditions physiques optimales. «Je n’ai pas pu courir en compétition depuis ma chute, mais je me suis préparé du mieux possible, précise le Vaudois. Après mon accident, j’ai dû observer une semaine de pause complète. Ensuite, j’ai pu reprendre dans des conditions plus ou moins normales, avec l’objectif de participer au Tour de Romandie. J’ai finalement dû y renoncer, car j’avais toujours des maux de tête, ma commotion n’étant pas complètement soignée.»
Ce forfait a été particulièrement dur à accepter pour Robin Froidevaux, lui qui s’apprêtait à disputer la première épreuve de sa carrière en World Tour. Le tout sur «ses» routes romandes.
«La déception a été dure à digérer, concède-t-il. Lorsqu’on tombe sur la tête, le mental prend un coup, mais avant tout à cause du choc. L’un des symptômes de la commotion étant d’être moins stable émotionnellement, un grand huit sentimental vous envahit. Mais une fois que les symptômes se sont restreints et que la tête s’est stabilisée, c’est beaucoup mieux allé. J’ai ainsi pu repartir de l’avant, pas à pas, avant un retour aux intensités normales. Depuis deux ou trois semaines, je peux à nouveau m’entraîner normalement. Ça a pris du temps, mais je suis désormais de retour à 100%.»
L’habituel sociétaire de la formation Tudor, laquelle passera en Continental Pro (2e division mondiale) la saison prochaine, veut croquer à pleines dents dans l’opportunité que lui est offerte par Swiss Cycling sur ce Tour de Suisse.
«Je suis assez confiant et je suis persuadé que ça va être une expérience très intéressante pour mon futur, se projette-t-il. Mais entre le fait que je revienne de blessure et le fait que je n’ai jamais couru à ce niveau, ça va être dur d’aller chercher des résultats. L’objectif sera plutôt de prendre un maximum d'expériences, de se montrer sur la scène internationale et de prendre du plaisir. Le Tour de Suisse est une fête dans tout le pays. J’ai de la peine à imaginer le nombre de spectateurs qu’il y aura sur le bord des routes. Ce que je sais en revanche, c’est que ce sera complètement différent des courses auxquelles j’ai participé jusqu’à maintenant.»
Le multiple médaillé européen sur piste (en espoirs puis en élite) va aussi rencontrer un parcours plus exigeant qu’à l’accoutumée, où les occasions de se mettre en évidence pour les sprinteurs dont il fait partie seront rares.
Viser les échappées
«Vu le profil des étapes, ça s’annonce effectivement compliqué, sourit-il. Mon rôle sera donc avant tout d’être le coéquipier des grimpeurs, ou alors de tenter ma chance dans des échappées. Les cinq premières étapes, avant d’entrer dans la haute montagne, semblent plus faciles. Mais ça reste la Suisse, avec des bosses et du dénivelé. Elles ne sont donc pas si simples. Je pense que le final de l’étape de Granges (ndlr: la troisième) fait partie des moins difficiles, mais tout dépendra de comment ça roule lors de la traversée du Jura. Celle d’après est censée être la plus facile pour les sprinteurs, mais il y a une bosse relativement raide proche de l’arrivée. Je m’attends donc plutôt à une étape pour les puncheurs.»
Au final, peu importe le terrain de jeu, l’équipe de Suisse se montre traditionnellement active et entreprenante lorsqu’elle est invitée sur le Tour de Suisse ou sur celui de Romandie. Robin Froidevaux, Yannis Voisard, qui sort d’un très bon Alpes Isère Tour, et consorts vont assurément tout faire pour assurer le spectacle et rendre la monnaie de leur pièce aux organisateurs.