Indonésie: Arrêté pour avoir autorisé les femmes à prier avec les hommes

Publié

IndonésieArrêté pour avoir autorisé les femmes à prier avec les hommes

En Indonésie, le directeur d’une école islamique est accusé de «blasphème» et d’«incitation à la haine». Son établissement permettait aussi aux femmes de prononcer un sermon.

Panji Gumilang (photo) encourt jusqu’à cinq ans de prison pour blasphème, six ans pour incitation à la haine et dix ans pour diffusion de fausses informations et trouble intentionnel à l’ordre public

Panji Gumilang (photo) encourt jusqu’à cinq ans de prison pour blasphème, six ans pour incitation à la haine et dix ans pour diffusion de fausses informations et trouble intentionnel à l’ordre public

via REUTERS

Un prédicateur musulman a été arrêté, mercredi, en Indonésie, accusé notamment de blasphème et d’incitation à la haine, alors que son école religieuse fait face à des critiques pour avoir autorisé les femmes à prêcher et à prier au côté des hommes, a annoncé la police.

L’école islamique Al-Zaytun, dans la province à majorité musulmane de Java occidental, la plus peuplée de l’archipel d’Asie du Sud-Est, fait l’objet d’une polémique de la part de groupes conservateurs, qui l’accusent d’appliquer une version de l’islam incompatible avec le Coran.

Il risque plus de 20 ans de prison

Le directeur de cet internat, Panji Gumilang, 77 ans, a été arrêté mercredi, après avoir été entendu par la police, a indiqué à la presse le porte-parole de la police nationale, Ahmad Ramadhan. Il est «en détention pour 20 jours» dans les locaux des services d’enquête criminelle, pour les besoins de l’enquête.

Panji Gumilang encourt jusqu’à cinq ans de prison pour blasphème, six ans pour incitation à la haine et dix ans pour diffusion de fausses informations et trouble intentionnel à l’ordre public, selon les charges retenues contre lui.

Les femmes doivent prier derrière les hommes

L’école a suscité un tollé dans les milieux conservateurs après la diffusion sur les réseaux sociaux, fin avril, d’une vidéo montrant des femmes priant dans la même pièce que des hommes. Autre pratique critiquée: l’établissement permettait à des femmes de prononcer un sermon lors de la prière du vendredi. Dans l’islam traditionnel, les femmes prient derrière les hommes et le sermon est réservé aux hommes.

L’école, ouverte en 1999 et qui compte environ 5000 étudiants, est aussi accusée de liens avec Darul Islam, mouvement politique qui voulait imposer par la force un État islamique en Indonésie, dans les années 1950-1960. Des milliers de personnes ont manifesté à plusieurs reprises devant l’établissement pour demander sa fermeture.

Islam conservateur en forte progression

Le blasphème est réprimé dans la loi indonésienne depuis 1965, mais cette mesure était rarement appliquée avant la chute du dictateur Suharto, en 1998, relativement répressif envers la religion. L’islam conservateur est en forte progression dans ce pays, qui compte la plus importante population musulmane au monde. Mais les militants des droits humains accusent la loi sur le blasphème de restreindre la liberté d’expression et la liberté de culte.

L’Indonésie reconnaît officiellement six religions, mais l’application croissante de la loi sur le blasphème fait craindre que l’islam tolérant qui y est défendu soit menacé par les groupes radicaux.

En 2017, l’ancien gouverneur de Djakarta, un chrétien d’origine chinoise, avait été condamné à deux ans de prison pour blasphème.

(AFP)

Ton opinion