MédecineNotre intestin a plus de mémoire qu’on ne pensait
Des chercheurs français ont découvert que des cellules, premiers remparts contre une infection, peuvent se souvenir de l’assaillant et mieux s’en protéger.
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Le système immunitaire inné de notre intestin peut être entraîné, ce qui lui permettrait de mieux se défendre contre les infections bactériologiques.
Getty Images/iStockphotoDes chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont mis en évidence un nouveau mécanisme de défense immunitaire antibactérienne. Ils ont en effet découvert que certaines cellules de notre intestin pouvaient être entraînées et pourvues d’une forme de mémoire lors d’une réinfection. Ce qui pourrait, à terme, ouvrir de nouvelles approches thérapeutiques contre les pathologies intestinales, comme les maladies inflammatoires chroniques (MICI) ou même le cancer.
L’enjeu de recherches sur le système immunitaire intestinal est surtout de lutter contre les infections dues à la bactérie Escherichia coli, Présente dans l’eau ou la nourriture, elle peut provoquer des hémorragies intestinales et des diarrhées persistantes, associées à une inflammation aiguë. On estime qu’elle serait la cause de 9% des décès d’enfants dans le monde, écrit l’Inserm.
La muqueuse intestinale a des moyens de défense contre ce genre d‘infection. Le système immunitaire inné est le premier rempart, qui agit dès les premières heures de l’infection. Puis le système immunitaire adaptatif se souvient de ces agents pathogènes, ce qui lui permet de libérer des anticorps protecteurs et des substances anti-inflammatoires. Notre intestin a donc une mémoire, on le savait déjà. Mais ce que la nouvelle recherche a découvert, c’est que le système immunitaire inné, ce premier rempart, a également de la mémoire.
L’entraîner avec une légère infection
En faisant des expériences sur les souris, ils ont observé les cellules lymphoïdes innées de type 3 (ILC3) qui, dans le système immunitaire inné, produisent très rapidement des anti-inflammatoires pour lutter contre une infection. Mais grâce à une méthode permettant d’exposer l’intestin à une infection légère par une bactérie, ces ILC3 l’identifient puis s’en souviennent. Ainsi, lors d’une seconde infection, comme elles sont expérimentées, elles produisent plus rapidement et en quantité ces anti-inflammatoires. Cela fonctionne donc comme un vaccin, en injectant un pathogène à faible dose, on apprend au corps à se défendre.
«La capacité à «entraîner» le système immunitaire inné au niveau des muqueuses ouvre la voie à l’amélioration de la défense de l’organisme contre une variété d’agents pathogènes qui causent des maladies humaines» commente James Di Santo, auteur principal de l’étude parue dans «Science».