Football: Tourbillon, théâtre de l’exaspération sédunoise

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FootballTourbillon, théâtre de l’exaspération sédunoise

En marge de la rencontre Sion – Lugano en Coupe de Suisse mercredi, les supporters valaisans ont multiplié les actions pour exprimer leur énervement.

Valentin Schnorhk Sion
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Valentin Schnorhk Sion
Durant les vingt premières minutes de la rencontre, le Gradin Nord est resté vide.

Durant les vingt premières minutes de la rencontre, le Gradin Nord est resté vide.

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Kevin Fickentscher, d’abord: «C’était pesant.» Reto Ziegler, ensuite: «Moi, je les comprends. Nous ne sommes pas à la hauteur de leurs attentes. Nous n’arrivons pas à leur rendre leur amour et leur confiance sur le terrain.» Barthélémy Constantin, enfin: «C’est toujours mieux quand ils sont derrière l’équipe, mais je me mets à leur place: ils paient leur ticket, se déplacent partout en Suisse.» Chronique d’une soirée à Tourbillon où, dans une ambiance légitimement hostile, le FC Sion s’est incliné 3-0 contre Lugano et a été éliminé de la Coupe de Suisse.

Pouvait-il en être autrement? Pas vraiment. Et du côté du public valaisan, il n’y a pas forcément de quoi pleurer. Leur ras-le-bol va bien plus loin que cette simple élimination. Coupe ou non, l’union totalement sacrée n’avait pas lieu d’être, vu le contexte dans lequel se trouve le club sédunois. D’ailleurs, depuis la défaite lors de leur quatorzième finale contre Bâle en 2017, mettant fin à leur série glorieuse, la Coupe de Suisse n’a plus vraiment la même signification pour les supporters. Le Gradin Nord l’a exprimé par deux banderoles successives: «25.04.2017: on écarte le meilleur entraîneur du pays (réd.: référence à Peter Zeidler)», puis «25.05.2017: la légende se finit.»

Gradin Nord dégarni

C’était au moment où le Gradin Nord (qui avait déjà quitté les tribunes en fin de match contre Saint-Gall samedi dernier) avait choisi de laisser le kop dégarni. Soit durant les vingt premières minutes du match, durant lesquelles il est resté silencieux afin de protester «contre le spectacle indigeste sur le terrain mais également contre la gestion désastreuse du club de ces dernières années», avait-il communiqué plus tôt. Lugano le savait: ainsi, son capitaine Jonathan Sabbatini avait choisi de laisser Sion attaquer en première période face à son public, pour ne pas lui laisser l’opportunité de le faire après la pause, quand les supporters seraient de retour.

Ce n’aurait peut-être pas changé grand-chose. Le Gradin Nord avait en effet bien d’autres messages à faire passer mercredi. Il a ainsi collectionné les banderoles: une imposante «Plutôt en 2e ligue avec des valeurs qu’en LNA sans honneur» qui est restée affichée tout le match; «Votre soutien est un privilège, merci» transformée en «Notre soutien est un privilège, merci pour rien»; «Alors plutôt que des remerciements, du changement»; «14 matches/8 points, encore l’effet Balotelli?». Petit florilège, pendant que s’élevaient à intervalles réguliers quelques chants évocateurs: «Mouille le maillot, mouille le maillot, mouille le maillot ou casse-toi!»

La gestion Constantin ciblée

Voilà pour le début. Mais une fois l’ouverture du score tombée après l’heure de jeu, le Gradin Nord a surtout trouvé un prétexte pour exprimer sa colère contre la manière dont est géré le club sédunois. Le slogan «CC, démission» a été scandé. Et par écrit, aussi, les mots ont donné du sens à leur exaspération: «Gestion autocratique, mercato merdique, instabilité chronique: Constantin artisan d’une fin tragique». Avant de revenir sur la décision du président sédunois de se placer sur le banc pour cette rencontre: «27.2.23: le président se la joue entraîneur et la Suisse nous regarde d’un air moqueur.».

«J’espère simplement que ça touche les joueurs pour que nous ayons une réaction et que nous montrions plus d’orgueil pour avoir enfin une victoire de m…»

Barthélémy Constantin, directeur sportif du FC Sion

Conclusion? Par voie écrite, encore, au moment de quitter les gradins après la fin du match: «7 années de merde». Limpide. Fondamentalement réaliste, aussi. Pas de quoi vraiment attrister Barthélémy Constantin, le directeur sportif du FC Sion, venu s’exprimer en conférence de presse après la rencontre: «Depuis que je suis petit, c’est comme ça, a-t-il dit. J’espère simplement que ça touche les joueurs pour que nous ayons une réaction et que nous montrions plus d’orgueil pour avoir enfin une victoire de m… Pardon du terme, mais il le faut.» Pas sûr que cela suffise à se rabibocher.

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