A Rhodes, la jeunesse se mobilise pour sauver l’île du feu

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GrèceÀ Rhodes, la jeunesse se mobilise pour sauver l’île du feu

La population civile vient porter renfort aux pompiers. En neuf jours, plus de 13’000 hectares sont déjà partis en fumée.

Les lances à eau passent de mains en mains noircies: à Rhodes, de nombreux jeunes ont rejoint le combat contre le feu, qui ravage l’île grecque depuis dix jours, jetant toutes leurs forces dans cette bataille, avec l’espoir de sauver ce qui peut encore l’être.

Dans l’île de l’archipel du Dodécanèse, en mer Égée, les sirènes de pompiers hurlent, les cris s’élèvent dans le ciel orangé. À quelques dizaines de mètres du village de Vati, dans l’est de l’île, les flammes menacent à nouveau. «On a besoin d’aide. Il faut éviter que le feu ne passe la route!» s’alarme Leftheris, 18 ans.

Des branches sont arrachées, des arbres coupés, les lances passent de mains en mains. De nombreux volontaires viennent en soutien des pompiers pour asperger, nettoyer, creuser. Les jeunes hommes de Rhodes se retrouvent en première ligne pour tenter de contenir les feux, alors qu’en neuf jours, plus de 13’000 hectares sont déjà partis en fumée.

Les flammes reprennent soudainement. Tous se mettent à courir. Un homme tombe, tronçonneuse à la main. Téméraires, ils n’abandonnent pas pour autant et repartent à l’assaut de l’incendie. Certains disparaissent dans les arbres. Un pin s’effondre, puis un deuxième.

«Toute l’île va brûler»

«Toute l’île va brûler de toute façon, le feu ne s’arrêtera qu’à la mer», déplore Lefteris, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Il agrippe néanmoins des pelles dans le coffre de sa voiture, «pour éteindre ce qu’il y a à portée de main».

Manolis Seitis n’a pas dormi depuis cinq jours. Masque de protection autour du cou, treillis militaire, l’étudiant de 18 ans s’affale sur une chaise. Il était revenu d’Athènes aider ses parents pour la saison touristique, il se retrouve jour et nuit à éteindre les incendies.

«Hier, on s’est fait dessus», avoue le jeune homme. «Les feux étaient tout autour, on a tout donné».

À Vati, la cour du restaurant Pelecanos a été transformée en quartier général de la mobilisation locale. Point de ralliement, stocks d’eau, de fruits et autres collations: elle offre un moment de répit aux combattants du feu.

«On apporte quelque chose en plus»

«On connaît mieux les routes et les lieux, on a des bras, on apporte quelque chose en plus…», explique l’insulaire. Pompiers en sous-effectifs et mal équipés peinent à contenir les nombreux départs de feux favorisés par des températures caniculaires. «On prend des initiatives, on n’attend pas que quelqu’un nous dise quoi faire. Même si bien sûr on se coordonne», assure Manolis.

À la chaîne, les petites mains collectent, organisent, distribuent. La coordination est essentielle pour gagner en efficacité et préserver un peu d’énergie. «On s’auto-organise», raconte Nektaria Kabouri. Pour cette locale de 33 ans, la mobilisation de la jeunesse de Rhodes apparaît comme «une évidence». «Les gens des villages alentour sont immédiatement venus, on se connaît tous ici. Les forêts appartiennent à tout le monde, on veut tous les protéger», assure Nektaria, carton dans les mains.

«On a une forme d’expérience, il y a déjà eu pas mal de feux ces dernières années», raconte la professeure de mathématiques.

Importance des réseaux sociaux

Malgré l’ordre d’évacuation, les habitants de Vati ont décidé de rester dans leur village. Les réseaux sociaux jouent un rôle important pour diffuser, de la cour du Pelecanos, les besoins et les contacts nécessaires, et développer un réseau d’entraide. «Généralement les femmes gèrent les ressources tandis que les hommes vont dans la forêt», résume-t-elle devant le ballet des camions de pompiers.

«Tous les jeunes ont arrêté leurs occupations pour venir prêter main-forte. On est seuls, on n’a pas d’aide du gouvernement», déplore Maria Nikolikou, instructrice de Yoga. Originaire de la région, la jeune femme de 27 ans s’est mobilisée, dès que les flammes ont menacé les villages.

«C’est la première fois que notre génération vit un tel drame. Toute l’île brûle, tout part en fumée», sanglote Maria.

(AFP)

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