Essence moins chèreCes Suisses qui volent l’argent des Français à la pompe
Loïc Hervé, sénateur de Haute-Savoie, se plaint des frontaliers helvétiques qui viennent faire le plein sur le dos de l’État français. Le conseiller d’État Mauro Poggia lui rappelle que la situation n’est pas aussi simple.
- par
- Eric Felley
«Il faut absolument qu’on aide en priorité les Français qui en ont le plus besoin. Il ne faut pas qu’on aide les riches, nos amis suisses, les touristes étrangers, il faut qu’on aide les Français qui bossent». Ses propos, cités sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes sont du sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé. Ils ont été tenus la semaine dernière dans le cadre d’un reportage sur l’ampleur du tourisme d’achat de l’essence des Suisses en France.
L’essence à la pompe est en moyenne 2 fr. 20 côté suisse et moins de 2 euros côté français. Actuellement, l’intervention de l’État français sur le prix de l’essence fait baisser de 18 centimes le litre. Ce montant devrait passer à 30 centimes pour les mois de septembre et d’octobre, ce qui va rendre encore plus attractif d’aller faire le plein chez nos voisins. Le sénateur de Haute-Savoie propose de changer le système à travers une «aide ciblée versée par l’employeur et prise en charge par l’État».
Le revenu des Français a augmenté de 10% à cause du franc
Cette critique a fait réagir dimanche le conseiller d’État genevois Mauro Poggia. Sur Facebook, il entre en matière sur les propos de Loïc Hervé: «Le raisonnement est exact et ne prête pas le flanc à la critique. Les aides de l’État français n’ont a priori pas à profiter à des personnes qui ne résident pas sur le territoire français.» Il note toutefois que la rémunération des frontaliers français a augmenté de 10% ces derniers temps grâce au renforcement du franc suisse. Et il tient à rappeler que la problématique frontalière ne se limite pas au prix de l’essence.
Un prix résident et un prix suisse?
Selon lui, il faudrait élargir la question: «L’essence n’est pas le seul bien de consommation dont le prix est influencé par des aides étatiques, françaises ou européennes. Faudrait-il, afin de réduire le tourisme d’achat de la Suisse vers la France, et rétablir ainsi une saine concurrence entre les deux pays, prévoir, pour d’autres biens de consommation, un prix pour les résidents et un prix pour les «frontaliers suisses»?»
Fin des allocations familiales?
Mauro Poggia rappelle aussi à son voisin sénateur que les travailleurs frontaliers résidant en France bénéficient des allocations familiales suisses, «majorées à Genève pour tenir compte du coût de la vie de ce canton, et cela dès le 1er enfant, alors même qu’au vu du niveau de leur salaire, ils n’y ont souvent pas droit en France». Il se demande alors s’il ne faudrait pas adapter ce système d’allocations «aux barèmes de leur domicile?»
Et le Genevois de conclure avec une pointe d’ironie: «On le voit, les apparentes bonnes idées des uns peuvent en donner aux autres».