FranceŒuvre suisse vandalisée à Paris: garde à vue levée pour le suspect
Un ancien élu du Front national soupçonné d’avoir dégradé un tableau de l’artiste suisse Miriam Cahn, taxée de pédopornographie par des détracteurs, a été relâché sans poursuites.
Un ancien élu du parti d’extrême droite Front national, soupçonné d’avoir dégradé au Palais de Tokyo à Paris un tableau de l’artiste suisse Miriam Cahn, taxée de pédopornographie par des détracteurs, a été relâché sans poursuites, a indiqué vendredi le Parquet de Paris. Pierre Chassin, chef du groupe Front national au Conseil municipal en région parisienne entre 2014 et 2015, avait été interpellé dimanche puis placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte par le Parquet pour dégradation de bien culturel exposé. Il était soupçonné d’avoir projeté de la peinture sur l’œuvre «Fuck abstraction!» de Miriam Cahn. L’enquête en cours doit permettre d’évaluer «l’état psychiatrique» de M. Chassin et de retenir, ou non, une responsabilité, a précisé le Parquet.
Œuvre controversée
Le président Emmanuel Macron avait condamné un «acte de vandalisme». «S’en prendre à une œuvre, c’est attenter à nos valeurs», avait-il tweeté lundi. «En France, l’art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti».
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a pour sa part mis en cause le Rassemblement national, héritier du Front national, accusé d’avoir mené une «campagne de dénigrement» à l’encontre de cette œuvre exposée dans ce grand musée français d’art contemporain. La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen avait rétorqué ne pouvoir être «tenue responsable d’un fait individuel de quelqu’un qui a été conseiller municipal il y a huit ans» et assuré que M. Chassin n’était désormais plus membre du parti.
Exposé dans le Centre d’art contemporain parisien depuis la mi-février, le tableau représente une personne frêle aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l’artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l’humanité. Les associations Juristes pour l’enfance, l’Enfance en partage, Face à l’inceste et Innocence en danger, considérant le tableau pédopornographique, réclamaient son décrochage mais ont été déboutées au printemps par le Tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d’État.