IranLa chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah sortie de prison
Arrêtée en juin 2019 puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, la chercheuse Fariba Adelkhah a été libérée de prison.
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, arrêtée en Iran en juin 2019 et condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, a été libérée de prison, selon son entourage, quelques jours après l’annonce par Téhéran d’une grâce en faveur d’un «nombre important» de condamnés. «Elle est libre mais on ne sait rien de son statut», a annoncé à l’AFP un de ses proches sous couvert d’anonymat.
«La France se réjouit de la libération ce soir» de Mme Adelkhah, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, dans un communiqué. «Il est essentiel que Mme Fariba Adelkhah puisse recouvrer l’ensemble de ses libertés, y compris celle de retourner en France si elle le souhaite», a-t-elle ajouté.
«C’est avec bonheur et soulagement que nous annonçons la libération de notre chère collègue Fariba Adelkhah, détenue arbitrairement en Iran depuis plus de 3 ans. Otage des autorités locales, elle était une prisonnière scientifique. Merci à tous ceux qui ont permis sa libération», a réagi sur Twitter l’établissement d’enseignement supérieur parisien Sciences Po.
Une grâce en faveur d’un «nombre important» de condamnés
Spécialiste du chiisme et de l’Iran post-révolutionnaire à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, Mme Adelkhah a été arrêtée en 2019 puis condamnée en 2020 à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, ce que ses proches ont toujours farouchement nié. Le compagnon de Fariba Adelkhah, Roland Marchal, également chercheur, avait été détenu avec elle avant d’être libéré en mars 2020, après que Paris eut libéré l’ingénieur iranien Jallal Rohollahnejad, dont les États-Unis réclamaient l’extradition pour violation des sanctions américaines contre l’Iran.
Dimanche, le bureau du dirigeant suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, avait annoncé une grâce en faveur d’un «nombre important» de condamnés, y compris ceux emprisonnés lors des manifestations contre le régime iranien depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, détenue pour infraction au code vestimentaire. Jeudi, des médias basés à l’étranger ont rapporté que sept femmes militantes et journalistes avaient été libérées de la prison d’Evin à Téhéran. Plusieurs dizaines d’Occidentaux sont détenus en Iran, décrits par leurs soutiens comme des innocents utilisés par Téhéran comme leviers de négociation.
L’Iran, sous sanctions internationales, et les grandes puissances essaient de ressusciter un accord international conclu en 2015 qui garantit le caractère civil du programme nucléaire de Téhéran, accusé, malgré ses démentis, de chercher à se doter de l’arme atomique. Des pays comme la France, dont sept ressortissants étaient jusqu’ici détenus en Iran, n’hésitent plus à accuser Téhéran d’en faire des «otages d’État». «La France rappelle sa demande de libération immédiate et sans conditions de tous les ressortissants français détenus arbitrairement en Iran», a déclaré vendredi soir Mme Legendre.
Six Français encore détenus
Téhéran a fait valoir que tous les étrangers sont détenus en vertu des lois intérieures de l’Iran et s’est dit prêt à des échanges de prisonniers. Outre Mme Adelkhah, le Français Benjamin Brière a été arrêté en mai 2020 et condamné à huit ans et huit mois d’emprisonnement pour espionnage. Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris ont été arrêtés en mai alors qu’ils faisaient du tourisme en Iran.
Plus récemment, c’est l’identité du Franco-irlandais Bernard Phelan, détenu dans une prison iranienne depuis octobre, qui a été rendue publique. La santé de Bernard Phelan se détériore toujours plus, a indiqué mardi sa sœur Caroline Massé-Phelan à l’AFP, ajoutant qu’il est en train de perdre la vue.
Bernard Phelan avait entamé une grève de la faim et de la soif début janvier, avant de la suspendre à la demande de sa famille inquiète d’une issue fatale face à des autorités iraniennes inflexibles. Benjamin Brière a également entamé une grève de la faim le 28 janvier, ont annoncé lundi son avocat Me Philippe Valent et sa sœur Blandine Brière. Le nom des deux autres ressortissants français emprisonnés n’est pas connu.