FootballAndrea Binotto décrypte son nouveau Xamax
Contre Kriens ce vendredi (19h30), l’entraîneur neuchâtelois devrait reconduire le 4-4-2 en losange instauré depuis le début de l’année. Il livre les dessous de ce changement de système.
- par
- Brice Cheneval
«Lors de la première partie de saison, nous avons surtout évolué en 4-2-3-1. Entre les transferts de Maren Haile-Selassie et Louis Mafouta, les blessures d’Ayoub Ouhafsa et Mathieu Gonçalves ainsi que le départ de Dylan Tavares à la Coupe d’Afrique des nations, je me suis retrouvé à la trêve avec un contingent qui manquait de vrais joueurs de couloir. Mais j’avais, à ma disposition, pas mal d’options intéressantes dans l’entrejeu. Il existait la possibilité de passer à un système à 3 défenseurs centraux, mais la défense à 4 est un socle auquel je ne voulais pas toucher. Ce 4-4-2 losange, ou 4-3-1-2, permettait donc de mettre en valeur les caractéristiques de mon effectif.
Il ne s’agit pas de mon système préféré, simplement celui qui, en ce moment, nous offre le plus de possibilités de gagner. On l’a travaillé durant la préparation et le groupe y a tout de suite adhéré. Les milieux prenaient davantage de plaisir sur le terrain et on a montré des choses intéressantes lors des matches amicaux, malgré les résultats (ndlr: défaites 1-3 contre Thoune et Bâle).»
Un système tourné vers la maîtrise
«Le 4-4-2 en losange doit permettre de contrôler le ballon au milieu de terrain. Ceci dit, pour exploiter ses atouts, il est nécessaire d’avoir des milieux dynamiques, de la maîtrise technique et des déplacements coordonnés. Le but, c’est de pouvoir trouver à tout moment un joueur libre. Cette disposition permet à plusieurs joueurs de participer à l’animation offensive: les latéraux, les deux milieux relayeurs, le numéro 10 et les deux attaquants de pointe. Certains postes clés sont inamovibles, à commencer par la sentinelle, et autour, il faut du mouvement. Mais toujours en gardant un équilibre structurel: les latéraux ne doivent pas se projeter en même temps, tout comme les numéros 8. Si l’équipe s’expose trop et que la transition offensif - défensif est mal gérée, ça peut entraîner de gros dégâts.
C’est aussi un système bien adapté pour presser l’adversaire. En phase défensive, l’idée est de récupérer le ballon le plus haut possible. Défendre sur la largeur, en aplatissant le 4-4-2, est une option. La nôtre consiste à densifier l’axe pour orienter l’adversaire sur un côté et le coincer. Schématiquement, nous occupons une moitié de terrain, ce qui signifie que nous délaissons l’autre. Si notre opposant renverse le jeu, on peut donc se retrouver exposés. D’où l’importance de déployer beaucoup d’intensité dans les efforts. C’est un système exigeant défensivement mais la nouvelle règle des 5 changements limite les risques.»
Une stabilité défensive retrouvée…
«En 4 matches, on a seulement encaissé 3 buts (ndlr: dont 2 sur coups de pied arrêtés). Cela montre qu’on est plus solides. Je trouve que ce système amène naturellement les joueurs à défendre ensemble. Tout le monde y met du sien. On a perdu des éléments importants mais on a gagné en cohésion. On récupère davantage de ballons (voir ci-dessous). Surtout en zone 2, celle du milieu de terrain, où on doit rester intraitable car on est censé y être en supériorité numérique. Une fois que les deux attaquants de pointe ont assuré le premier pressing, charge aux 4 milieux de se montrer solidaires pour poursuivre le travail un peu plus bas.
On pourrait gratter plus de ballons dans le dernier tiers et il y a l’intention de presser haut, mais il faut tenir compte de la qualité des adversaires qu’on a rencontrés (ndlr: Aarau, Schaffhouse, Yverdon et Stade Lausanne-Ouchy).»
…mais une animation offensive à peaufiner
«On ne se créé pas assez d’occasions. À notre décharge, on a perdu Haile-Selassie et Mafouta, Tavares était à la CAN avant de se blesser, Koide est également sur le flanc... Reste qu’on doit passer un pallier avec ballon. Cela passe d’une part par une plus grande maîtrise technique. On y travaille: en ce moment, à l’entraînement, on réalise pas mal de jeux de possession sous pression. Et, par ailleurs, on doit amener davantage de joueurs dans les zones dangereuses. J’attends des 8 capables de se projeter à tour de rôle, des latéraux qui apportent devant, un attaquant qui prend la profondeur, un 10 plus présent…
Cependant, n’oublions pas qu’on a affaire à un groupe jeune, avec des gamins à certains postes clés, qui ont besoin de temps pour arriver au niveau auquel on les attend. On travaille en vue de la saison prochaine.»