DiplomatieL’Égypte libère un journaliste de la chaîne qatarie Al Jazeera
Le journaliste avait été arrêté en 2019 alors qu’il venait rendre visite à sa famille. Il était accusé d’«appartenance à un groupe terroriste» et de «diffusion de fausses informations».
Après plus de trois ans de rupture, Le Caire, avec Bahreïn, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a renoué, début 2021, avec le Qatar, accusé, malgré ses démentis, de soutenir les groupes extrémistes et d’utiliser ses médias pour créer des dissensions régionales.
«Les autorités égyptiennes ont libéré notre collègue Hicham Abdelaziz, journaliste d’Al-Jazeera Mubasher, après près de quatre ans de détention», a annoncé sur Twitter la chaîne de télévision dans la nuit de dimanche à lundi. La famille du journaliste a confirmé son retour «à la maison», a-t-elle précisé.
Accusations régulièrement utilisées
De nationalité égyptienne, Hicham Abdelaziz avait été arrêté en juin 2019 lors d’une visite à sa famille en Égypte, la Sûreté d’État égyptienne l’accusant d’«appartenance à un groupe terroriste» et de «diffusion de fausses informations», selon l’Association pour la liberté de pensée et d’expression (AFTE) en Égypte. Ces accusations sont régulièrement utilisées par les régimes de la région pour emprisonner les journalistes critiques et les militants des droits humains.
En septembre 2022, Le Caire avait libéré Ahmed Al-Najdi, journaliste d’Al Jazeera. Le pays détient toujours deux autres reporters du groupe qatari, Bahaa El-Din Ibrahim et Rabie El-Sheikh, tous deux accusés des mêmes délits.
Plus de 60’000 détenus d’opinion
Plongée dans une profonde crise économique, l’Égypte s’est considérablement rapprochée du Qatar, richissime émirat gazier du Golfe, qu’elle vouait jadis aux gémonies. En septembre 2021, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est rendu à Doha pour assister, aux côtés de l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, à la signature de plusieurs protocoles d’accord d’investissement et de développement.
L’Égypte est régulièrement montrée du doigt pour son bilan des droits humains, avec plus de 60’000 détenus d’opinion, souvent accusés de «diffusion de fausses informations», selon des ONG internationales. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) classe le pays à la 168e place sur 180 sur la liste de la liberté de la presse, estimant que le pluralisme y est «presque nul» et que «les médias indépendants sont censurés».